Le gouvernement espagnol a dévoilé hier jeudi un plan d’urgence de plus de deux milliards d’euros pour faire face à une des pires sécheresses de l’histoire récente du pays et secourir un secteur agricole en grande souffrance. Les mesures qui constituent ce plan ont été adoptées lors d’un conseil des ministres extraordinaire.
Sur les quelque 2.19 milliards d’euros de ce plan, un peu moins des deux tiers (1.4 milliard d’euros) doivent servir à la construction de nouvelles infrastructures pour remédier à la pénurie d’eau dans certaines régions, notamment des usines de désalinisation de l’eau de mer et des systèmes pour accroître la réutilisation d’eaux usées. Le gouvernement a précisé que l’objectif était de porter la proportion des eaux usées réutilisées, de 10% actuellement à 20% en 2027.
Le tiers restant, 784 millions d’euros, sera consacré à une aide à l’agriculture, dont près de la moitié, 355 millions, prendra la forme d’une aide financière directe aux éleveurs et aux producteurs de lait, afin de compenser en partie la hausse de leurs coûts.
Une somme de 276 millions ira aux cultures et aux zones que le ministère de l’agriculture estimera les plus affectées par la sécheresse. Enfin, 40.5 millions d’euros serviront à subventionner à hauteur de 70% le coût des polices d’assurance contre la sécheresse contractées par les exploitants.
L’Espagne fait face à une sécheresse dramatique, le niveau des réservoirs d’eau du pays, qui stockent l’eau de pluie afin de l’utiliser lors des mois plus secs, étant tombé durant la première semaine de mai à 48.9% de leur capacité, soit la cinquième baisse hebdomadaire consécutive.
Le nouveau rapport de la Coordination des Organisations d’Agriculteurs et d’Eleveurs (Coag), principal syndicat agricole du pays, publié hier jeudi, affirme que « la sécheresse asphyxie déjà 80% des terres agricoles espagnoles » et que « plus de 5 millions d’hectares de céréales non irriguées » ont subi « des pertes irréversibles », contre 60% des terres « asphyxiées » et 3.5 millions d’hectares affectés le 13 avril dernier.
Le manque d’eau a poussé de nombreux exploitants à renoncer aux semis de printemps, notamment de céréales et d’oléagineux, avec le risque de provoquer des pénuries et une nouvelle flambée des prix des produits alimentaires, dont la forte hausse est déjà l’une des principales composantes de l’inflation, qui est remontée à 4.1% en avril.