Sahel : L’armée malienne reprend Kidal, bastion de la rébellion touarègue

L’armée malienne a repris hier mardi le contrôle sur la ville nord-malienne Kidal, en chassant les séparatistes touareg, après des années d’absence de cette ville stratégique devenue un enjeu majeur de souveraineté pour le pouvoir en place à Bamako. 

Dans un message lu au cours d’un flash spécial à la télévision d’Etat, le président de transition, le colonel Assimi Goïta a annoncé que les forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal. 

Dans un communiqué, le Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes armés, a admis s’être retiré de Kidal «pour des raisons stratégiques» après avoir résisté pendant plusieurs jours à l’avancée de l’armée et des mercenaires russes de Wagner en leur « infligeant des grandes pertes humaines et matérielles ». 

Des messages postés sur les réseaux sociaux indiquaient que Kidal s’était vidée d’une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d’habitants. 

La capture de Kidal parachève une offensive terrestre lancée en fin de semaine passée par l’armée de terre malienne soutenue par des moyens aériens, avions et drones, dont ne dispose pas les combattants rebelles. 

Selon les rebelles et d’autres sources dont des élus, cette offensive a impliqué des mercenaires de Wagner, bien que la junte nie la présence dans le pays du groupe de sécurité privé russe aux pratiques décriées. 

La prise de Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes situé à plus de 1.500 kilomètres et 24 heures de route de la capitale Bamako, est un succès symbolique significatif pour les colonels au pouvoir au Mali qui ont pris par la force en 2020 la direction de ce pays confronté depuis 2012 à la propagation djihadiste et à une crise sécuritaire et politique profonde. 

L’armée et l’Etat maliens n’avaient quasiment par remis les pieds à Kidal depuis mai 2014 quand les forces maliennes en avaient été chassées après une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara qui avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, causant de lourdes pertes dans les rangs de l’armée. 

En se retirant de ses bases à Kidal le 31 octobre, la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), poussée vers la sortie par la junte, a déclenché une course au contrôle du territoire entre les acteurs armés du nord (armée, séparatistes et djihadistes), la junte ayant signifié de longue date sa détermination à reprendre la ville après le départ des casques bleus.