Décidément, Hamid Chabat ne recule devant rien pour assurer ses arrières gardes en prévision des prochaines élections. Ramadan est là avec ses dépenses supplémentaires, et le singulier maire de Fès n’a pas résisté à l’envie de faire du bien en distribuant des denrées alimentaires aux nécessiteux de la ville. L’action est louable en elle-même si l’occasionnel bienfaiteur ne s’est pas mis à faire distribuer les victuailles dans les locaux de son propre parti, l’Istiqlal, qui plus est membre de la majorité gouvernementale.Ce geste lourd de symboles laisse perplexe, surtout venant d’un vieux loup de la politique comme Chabat. L’influent membre du comité exécutif de l’Istiqlal sait pertinemment que les politiciens véreux sont la pire catastrophe qui puisse arriver aux prochaines élections qui se tiendront sous la nouvelle ère constitutionnelle. Car le texte fondamental fraîchement adopté est venu précisément mettre fin au gâchis provoqué par des édiles et des responsables politiques qui ont causé tellement de tort à la politique. L’expérience des dernières décennies a montré que c’est ce genre de personnel politique qui a précipité le divorce du citoyen avec la chose publique. Aujourd’hui, les observateurs s’accordent pour dire que le fait de reproduire les mêmes visages politiques sera le meilleur moyen de décourager définitivement les électeurs. Aussi, l’agitation préélectorale du maire Istiqlalien de Fès paraît-elle d’autant moins compréhensible que, dans de nombreux états-majors de partis politiques, le message a été bien reçu pour procéder à un nécessaire et salutaire rajeunissement des cadres. Dans certaines formations, les esprits sont d’ores et déjà préparés à passer la main à une nouvelle génération de décideurs politiques et de gestionnaires de la chose publique. Parallèlement, l’esprit de la nouvelle Constitution se met progressivement en place. En effet, le texte fondamental consacre pour la première fois au Maroc le partage du pouvoir suivant les normes en usage dans les pays de tradition démocratique. Ce serait donc aberrant de voir de vieux routiers de la politique, au bilan douteux, persister à s’imposer à un agenda électoral qui n’est plus le leur.