L’ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte a été arrêté mardi 11 mars à l’aéroport international de Manille en vertu d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) qui le soupçonne de crimes contre l’humanité en lien avec sa politique de lutte contre le trafic de stupéfiants, ayant entraîné la mort de milliers de personnes.
Selon les organisations de défense des droits humains, plusieurs dizaines de milliers d’hommes, principalement issus des milieux défavorisés, ont été tués par les forces de l’ordre et des milices, souvent sans preuve formelle de leur implication dans le trafic de drogue. La CPI a ouvert une enquête en 2016, estimant que cette campagne pourrait constituer un crime contre l’humanité.
Duterte, âgé de 79 ans, revenait d’un court séjour à Hong Kong lorsqu’il a été interpellé. « Tôt ce matin, Interpol Manille a reçu la copie officielle d’un mandat d’arrêt émis par la CPI », a indiqué la présidence philippine, précisant que Rodrigo Duterte était actuellement en détention.
Bien que les Philippines se soient retirées de la CPI en 2019 sous l’impulsion de Duterte, la Cour basée à La Haye maintient sa compétence pour les crimes présumés commis avant ce retrait, ainsi que pour ceux perpétrés à Davao lorsqu’il en était maire.
Les chiffres officiels font état de plus de 6.000 décès liés aux opérations antidrogues sous son administration, tandis que la CPI parle de 12.000 et 30.000 assassinats. Si Duterte reste une figure politique influente et populaire, son arrestation divise le pays.
Human Rights Watch a appelé le gouvernement de l’actuel président Ferdinand Marcos à « remettre rapidement Duterte à la CPI », qualifiant cette arrestation d’«avancée majeure vers la justice».
En revanche, son ancien conseiller juridique, Salvador Panelo, a dénoncé une arrestation «illégale», affirmant qu’aucune copie du mandat n’avait été fournie et que les avocats de Duterte avaient été empêchés de le rencontrer.
L’association Rise Up for Life and for Rights, qui regroupe les proches des victimes de la répression antidrogue, s’est félicitée de cette arrestation, estimant qu’elle constitue un « développement très positif » pour les familles en quête de justice.