Arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu pour «corruption» et «terrorisme»

Le maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, figure majeure de l’opposition en Turquie, a été arrêté mercredi sous les accusations présumées de «corruption» et de «terrorisme». Il a passé la nuit en garde à vue, malgré la mobilisation de son parti, qui appelle à un nouveau rassemblement pour ce jeudi soir.

İmamoğlu, pressenti comme candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) à l’élection présidentielle de 2028, a été interpellé en présence de ses proches.

Parallèlement, plus d’une centaine de personnes – collaborateurs, élus du CHP et autres professionnels – ont été arrêtées ou font l’objet de mandats d’arrêt. Parmi elles, six personnes, dont le maire d’Istanbul, sont accusées de «soutien à une organisation terroriste», en lien avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement armé interdit ayant récemment annoncé son intention de déposer les armes.

L’accès à plusieurs réseaux sociaux et services de messagerie, notamment X et WhatsApp, restait limité jeudi matin à Istanbul, selon la plateforme de surveillance numérique « Free Web Turkey ».

Le président du CHP, Özgür Özel, lui-même mis en cause par Ankara, a passé la nuit au siège de la municipalité d’Istanbul. Il a renouvelé son appel à un rassemblement jeudi soir à 20h30 (17h30 GMT), au cours duquel il prendra la parole, selon des informations communiquées par son parti à la presse.

Mercredi soir, malgré des températures hivernales, plusieurs milliers de personnes ont répondu à son appel en scandant notamment : «İmamoğlu, tu n’es pas seul !». Özel a dénoncé un «coup d’État contre l’opposition», critiquant vertement le président de la République et affirmant que « la volonté du peuple a été bafouée ».

« Il n’y a ni corruption, ni organisation terroriste, mais des fossoyeurs de la justice aux commandes », a-t-il déclaré aux côtés de l’épouse du maire, Dilek İmamoğlu, ajoutant que « le seul crime d’İmamoğlu est d’avoir conquis le cœur des citoyens. Son seul crime est qu’il sera le prochain président ! ».

Ces arrestations de leaders et partisans de l’opposition ont eu un impact sur la monnaie nationale, la livre turque, qui s’échangeait jeudi matin à environ 38 livres pour un dollar et 41,5 livres pour un euro.

En réaction, plusieurs maires de grandes capitales européennes, dont ceux d’Amsterdam, Paris, Milan, Barcelone, Rome, Helsinki et Bruxelles, ont fermement condamné l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu, dénonçant une «incarcération arbitraire» et exprimant leur «profonde inquiétude».