Selon les résultats définitifs publiés mercredi 29 mai, le parti populiste Chega (« Assez ») devient le premier parti d’opposition au Portugal avec 60 sièges au Parlement, marquant un tournant dans le paysage politique national.
Avec 22,76% des voix, Chega devance désormais le Parti socialiste (PS) avec ses 58 sièges et 22,83% des suffrages et s’affirme comme le principal challenger de l’Alliance démocratique (centre-droit, 31,79%, 91 sièges), victorieuse du scrutin mais sans parvenir à la majorité absolue.
Créé en 2019, l’Alliance d’André Ventura réalise une percée historique en doublant presque sa représentation parlementaire (50 sièges en 2022). « C’est une grande victoire qui marque un changement profond », a déclaré le leader populiste, dont le discours anti-establishment et anti-immigration séduit un électorat protestataire.
« Le Portugal s’aligne sur la tendance européenne du vote antisystème », analyse Paula Espirito Santo, politologue à l’Université de Lisbonne. Une dynamique qui contraste avec la chute vertigineuse du PS qui a perdu près de 860.000 voix depuis sa majorité absolue de 2022.
« La gauche portugaise avait résisté à la vague d’austérité post-2008, contrairement à d’autres pays européens. Aujourd’hui, son avenir est imprévisible », nuance Filipa Raimundo, professeur à l’ISCTE. Le PS, en pleine refonte après la démission de Pedro Nuno Santos, mise sur José Luis Carneiro comme nouveau leader pour les élections municipales de l’automne prochain.
Du côté du pouvoir, le Premier ministre sortant Luis Montenegro (Alliance démocratique) devra composer avec ce nouveau rapport de force. Bien qu’il ait toujours exclu toute alliance avec Chega, ce dernier exige désormais que le gouvernement « rompe avec le PS ».
Le président Marcelo Rebelo de Sousa, après une nouvelle série de consultations jeudi, devrait reconduire Montenegro à la tête d’un gouvernement minoritaire, une configuration inédite qui promet une législature mouvementée dans ce pays traditionnellement stable.