La problématique de la culture au Maroc est plus que jamais posée avec acuité. La culture est soumise à l’épreuve d’un renouvellement, sous peine de mourir. Entre attachement au patrimoine traditionnel et ouverture sur l’extérieur, la tentation reste forte pour certains de cultiver le repli frileux. D’autant plus que l’arrivée depuis quelques années des « autoroutes » de l’information et des NTIC ( Nouvelles technologies de l’information et de la communication) bouleverse le champ culturel classique pour nous ouvrir de nouveaux espaces où le web, l’Internet , le facebook et autres réseaux sociaux semblent configurer un nouvel espace culturel.
Le Maroc n’échappe pas à l’uniformisation rampante de cette « nouvelle culture », dictée par les effets de la mondialisation. Des départements culturels entiers se mettent à l’heure d’Internet. Ils ne veulent pas être à l’écart d’une évolution qui est au Maroc ce que la Révolution copernicienne était à l’astronomie. Dans quelle mesure, cependant, l’Internet changerait-il le comportement social et culturel des populations ? Apparemment, il s’agit d’une évolution qui touche les moyens de s’informer , mais jamais le contenu de la culture marocaine qui plonge ses racines loin dans le temps et puise sa légitimité dans l’histoire mouvementée mais riche du pays.
Il s’agit d’un enracinement dans la tradition historique, qui n’a jamais cessé de constituer un élément fondateur : la culture marocaine, faite de parole écrite et de parole orale s’est transmise de génération en génération. Jusqu’à nos jours, on s’est attaché à valoriser le patrimoine écrit et oral, les arts, la musique, la peinture, les lettres dans un mouvement de conservation. Or, l’époque exige plus de talents, de projets et de productivité. Il semble de nos jours difficile de quantifier les œuvres dans ce sens. Mieux, il n’existe aucun critère pour juger aussi de leur qualité.
La tendance générale est une sous-production d’œuvres qui ne sont ni appréciées à leur juste valeur, ni commercialisées au prix qu’elles méritent. Le budget du ministère de la Culture est réduit à une peau de chagrin, il ne dépasse guère le seuil des 3 à 4% du budget global de l’Etat. Il n’existe pas, ou pas encore de statut d’artiste, écrivain, peintre, homme de théâtre ou musicien. Cette catégories de créateurs souffrent de leur marginalisation et réclament depuis des lustres une reconnaissance sociale et un soutien de l’Etat. Ils ne peuvent se prévaloir, tant s’en faut, du statut de leurs confrères en Europe, ne bénéficient parfois ni de sécurité sociale, ni d’assurance maladie et encore moins d’une pension de vieillesse quand ils ne sont plus actifs.
Pourtant , l’engouement pour la culture existe et se renforce. A Casablanca, il existe autant de galeries de peinture que de peintres. On n’a jamais vu autant d’expositions se croiser et télescoper comme aujourd’hui. La production de livres sur tous les thèmes n’en finit pas et , la télévision aidant, les nouveaux jeunes talents musicaux bourgeonnent. Pourtant, l’espace est pauvre. Les festivals de musique, inégaux dans leur forme et leurs budget, remplissent un vide cruel en matière de scènes. Mais ils ne durent que le temps d’une grande semaine.