Le mouvement du 20 février serait-il en perte de vitesse ? C’est en tout cas le sentiment qui se dégage des manifestations pacifiques de dimanche dans les rues de plusieurs villes. Après l’accalmie du ramadan, les animateurs du 20 février nourrissaient l’espoir de rameuter davantage de marcheurs à la date symbolique du 11 septembre. Mais le cruel manque d’enracinement populaire du mouvement semble écarter durablement une telle perspective. Les slogans mobilisateurs de lutte contre la corruption et les appels à l’instauration de la justice sociale et à des changements politiques, ont été hissés dans plusieurs villes. En tout, ce sont quelques milliers de manifestants qui ont sillonné les artères des principales villes et centres urbains. Dimanche, le carré des irréductibles est descendu dans les quartiers populaires de Tanger, Casablanca et Rabat, contrairement aux itinéraires du centre-ville empruntés au tout début du mouvement, en février. Mais le cœur n’y est plus. Dans les deux plus grandes villes du pays, Casablanca et Rabat, la mobilisation était maigre et les rangs des manifestants clairsemés. Moins d’un millier à Rabat, 2 à 3000 à Casablanca selon les observateurs indépendants (C’est à dire tout sauf l’agence officielle MAP, qui a du en compter deux cent) . C’est tout dire. Les jeunes marchaient sous le regard curieux des promeneurs et l’indifférence générale de la population, visiblement occupée par ses besognes quotidiennes. Cette relative désaffection populaire contraste pourtant avec le bouillonnement provoqué par le « printemps arabe » dans de nombreux pays de la région. Une situation un peu à part qui s’explique partiellement par la célérité des autorités marocaines dans l’adoption de réformes politiques audacieuses. Ces changements qui ont été couronnés par une nouvelle Constitution adoptée par référendum, ont manifestement privé le mouvement du 20 février d’arguments mobilisateurs.En dépit d’un évident désintérêt de la population, certains animateurs du 20 février comptent prolonger le suspens et annoncent déjà de nouvelles marches que les gens, à la longue, regardent avec un air distrait. La véritable question qui demeure, cependant, sera de savoir quel sera le poids du mouvement lors des prochaines élections législatives devant se dérouler le 25 novembre prochain, certains leaders du 20 février, dont Oussama el Khlifi ayant annoncé leur intention de se présenter sous la bannière de l’USFP. D’autres ont préféré soutenir les partis d’extrême gauche qui constituent la matrice du mouvement, et que sont le Parti Socialiste Unifié (PSU) ou encore Annahj Addimocrati. A terme, les analystes politiques n’excluent pas une mue du mouvement en un parti politique d’extrême gauche qui viendrait regrouper les micro-structures préexistentes.
Comments are closed.