L’affaire du transporteur maritime national Comarit-Comanav reprend l’allure d’un véritable scandale national sur fond de manipulation étrangère.
Cette société a déjà fait couler beaucoup d’encre en raison de ses difficultés financières et de leur retombées sociales tant pour le personnel de l’entreprise que pour les ressortissants marocains à l’étranger qui ont du payer 30 pc de plus leurs billets pour la traversée du détroit de Gibraltar cet été 2012. Avec l’apparition de nouveaux éléments dans ce dossier complexe et délicat, des sources bien introduites dans le monde du transport maritime, crient à la manipulation étrangère. Des lobbies espagnols du secteur du transport maritime et portuaire seraient entrés en jeu pour faire tomber l’unique transporteur maritime national « Comanav-Comarit » et en même temps semer le trouble social (grèves des marins et dockers) dans le port de Tanger-Med pour le rendre moins concurrentiel vis-à-vis du vieux port espagnol d’Algésiras. Les conséquences de cette manipulation, si manipulation il y a, se sont faites déjà sentir, avec l’annonce de deux compagnies maritimes « Hapag-Llyod » « Wax » de vouloir quitter en ce mois de juin, le port de Tanger Med en direction du port d’Algesiras.
En attendant les conclusions de l’enquête préliminaire ouverte par la BNPJ sur ordre du procureur général du Roi près la Cour d’appel de Casablanca, tous les soupçons sont portés sur une dizaine de mis en cause. Depuis vendredi 15 juin, l’ancien PDG de la Compagnie maritime, Taoufiq Ibrahimi, un homme d’affaires, un ancien fonctionnaire au Cabinet d’un ancien Premier ministre, un responsable administratif à la compagnie et trois syndicalistes de l’UMT (syndicats des dockers et des marins) sont auditionnés par les enquêteurs de la BNPJ de Casablanca. Ibrahimi qui a également occupé en 2010, le poste de président du directoire à l’Agence spéciale du port Tanger Méditerranée (TMSA) avant d’être remercié cinq mois après sa nomination, serait selon les informations qui circulent, le cerveau manipulateur dans cette affaire, depuis qu’il était PDG de la Comanav (2001-2010). Les mis en cause sont soupçonnés de détournement et de dilapidation de deniers publics ayant porté préjudice à ladite compagnie. Plus grave encore, ils sont suspectés d’avoir provoqué intentionnellement des tensions sociales au sein de la compagnie, incité ses employés à observer des grèves de longue durée et d’avoir tenté de faire échouer les efforts du gouvernement visant à trouver une solution à la crise des ferries de la Comanav-Comarit qui avaient été saisis dans des ports français et espagnols pour non-paiement des créances vis-à-vis des sociétés de service dans ces deux pays. Pour le moment, le Parquet général près la Cour d’appel de Casablanca aurait prolongé lundi de 24 heures la garde à vue des prévenus et pourrait les déferler devant la Cour d’appel de Salé pour leur jugement si les chefs d’accusation qui pèsent sur eux sont maintenus. C’est un vrai feuilleton hollywoodien qui n’a pas encore livré tous ses secrets mais qui risque de faire des révélations désagréables.