La justice a finalement rendu son verdict dans un procès très médiatique . Un an de prison ferme et 1000 dirhams d’amende, c’est la sentence qui a été prononcée ce jeudi 9 juin contre le directeur de publication du quotidien arabophone « Al Massae », Rachid Niny.
Ce dernier est inculpé pour avoir « jeté du discrédit sur une décision de justice, tenté d’influencer la justice et évoqué des faits incriminés non avérés ».En clair, sous cette formule, Rachid Niny est condamné pour avoir affirmé-sans preuves- que les attentats terroristes du 16 mai 2003 auraient été commis par les …services de sécurité marocain, et pour avoir à de multiples raisons diffamé des responsables publics qui n’ont pu se défendre. Relayant à de multiples reprises les « théories du complot » qui voudraient que ce soit l’état qui aurait organisé des attentats terroristes, Niny n’a pas été condamné pour son exercice journalistique mais pour des infractions touchant à la sécurité nationale.A l’image de la journaliste Judith Miller, aux USA, qui avait été condamnée et emprisonnée pendant de long mois pour avoir injustement exposé un agent de la CIA, Rachid Niny a refusé de révéler ses sources , imitant ainsi le journaliste français Guillaume Dasquié également emprisonné par la DST française après avoir publié un article touchant à la sécurité nationale française et non sourcé. Connu pour recevoir régulièrement des informations d’un informateur non identifié qui lui remettait des clefs USB avec des dossiers complets, Rachid Niny n’était pas juste la tête de turc d’un certain nombres de personnalités marocaines, mais était également en bisbille avec la majorité de ses collègues journalistes, dont le directeur de la publication de son concurrent Assabah. Placé en garde à vue le 28 avril dernier, le patron du groupe Al Massae Media devrait à présent purger sa peine carcérale à la prison d’Okasha de Casablanca. Le représentant du ministère public avait requis la condamnation de Rachid Niny à la prison ferme ainsi que l’interdiction d’exercer son métier de journaliste au Maroc.
Profitant de l’effervescence post-printemps arabe et de protections occultes, le patron du groupe Al Massae Media avait jugé que c’était l’occasion ou jamais pour « appuyer sur le champignon » afin d’étendre l’éventail de son lectorat et augmenter ses ventes. Pour y parvenir, Niny n’a pas trouvé mieux que de céder aux sirènes du populisme, mettant souvent en cause des responsables publics, sans toutefois apporter les preuves nécessaires à leur encontre. Le directeur du quotidien « Al Massae » ne se doutait certainement point qu’il marchait sur un sentier plein d’embuches , tant il se croyait être devenu intouchable, à l’abri de la justice, et terrorisant tous ceux qui souhaitaient porter plainte contre lui pour diffamation en ne publiant jamais les droits de réponse et en les menaçant de continuer à diriger des cabales contre eux. Sa motivation est allée crescendo après la non-exécution de nombreux jugements ayant condamné son groupe à de fortes amendes comme c’était le cas dans procès intenté par quatre substituts du procureur de la ville de Ksar El Kebir (6 millions de DH d’amende soit 600 000€). Certaines mauvaises langues ont même affirmé que Niny bénéficiait d’une protection dans les hautes sphère de la hiérarchie politique. Son procès avait mobilisé une bonne partie de l’opinion publique marocaine, ainsi que des avocats étrangers, dont ceux qui défendent l’association islamiste Al Adl Wal Ihssane.
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