Les assauts des migrants subsahariens pour forcer le passage des présides occupés de Sebta et Melillia ne se comptent plus. Le dernier en date s’est produit mardi à l’aube, lorsque plus de 1600 clandestins ont vainement essayé de passer à Sebta, porte d’entrée de ce qu’ils considèrent l’Eldorado européen.
En dépit du nombre impressionnant de migrants qui ont participé à l’assaut, aucun n’a réussi à passer de l’autre côté. Les forces de sécurité marocaines et espagnoles étaient visiblement au courant de la charge et s’y sont préparées. Résultat, aucun blessé n’est à déplorer parmi les migrants. Les autorités marocaines et espagnoles ont certainement tiré les leçons du tragique assaut du 6 février dernier. Les gardes espagnols avaient alors tiré sur un groupe de migrants qui tentaient d’atteindre Sebta à la nage, tuant 15 d’entre eux. Le drame a soulevé une vive polémique en Espagne et au-delà en Europe. Mais à part les consignes données par le ministre espagnol de l’Intérieur Jorge Fernandez Diaz aux forces stationnées à Sebta et Melillia de ne plus tirer sur les clandestins, la situation reste inchangée. Pire, les tentatives des migrants se multiplient à un rythme sans précédent et le Maroc subit seul l’énorme pression migratoire qui n’est pas près de se tarir.
Depuis plusieurs années déjà, des milliers de clandestins se massent dans les forêts proches des deux villes occupées, dans l’attente de la première occasion pour passer de l’autre côté. Certaines estimations parlent de 30.000, voire 40.000 subsahariens qui sont arrivés au Maroc par les frontières algériennes et mauritaniennes. Un certain nombre d’entre eux ont eu la chance de bénéficier de l’opération de régularisation des clandestins, lancée en début d’année par le Royaume. Toutefois, il est clair que malgré la forte charge solidaire et humanitaire de cette opération destinée à faciliter l’insertion d’un certain nombre de migrants dans la société marocaine, la problématique migratoire dépasse largement les moyens du seul Maroc. Les européens ont hermétiquement verrouillé leurs frontières face à des milliers de migrants infortunés. Mais du haut de leur forteresse, ils se complaisent quand même à donner cyniquement des leçons sur le respect des droits humains.