Sahara – Conseil de sécurité : les amitiés à l’épreuve

delattre

Dans la bataille diplomatique du vendredi au Conseil de sécurité, au-delà de la volonté affichée par la communauté internationale d’aller vers un règlement du conflit du Sahara en décidant de proroger d’une année le mandant de la Minurso et en prenant en considération le plan d’autonomie, le Maroc a eu l’occasion de distinguer entre ses vrais alliés et ceux qui prétendent l’être tout en manœuvrant derrière son dos.

A juste titre, le Maroc s’est félicité du « revers cinglant » infligé à Ban Ki-Moon et à ses proches collaborateurs. Les pays qui ont soutenu le royaume au Conseil de sécurité (France, Sénégal, Egypte, Espagne…), ont été compréhensifs à l’égard du Maroc lorsqu’il a expulsé une partie du personnel politique de la Minurso.

Car sans ce geste, intervenu en réaction à l’alignement ostensible de Ban Ki-Moon sur la position du Polisario lors de sa visite en Algérie, le secrétaire général aurait réussi la première phase du stratagème soigneusement élaboré en secret. Celui d’imposer le fait accompli, en modifiant les paramètres de la solution politique recommandée par le Conseil de Sécurité, quitte à ressusciter l’option dépassée du référendum.

Ban Ki-Moon s’est montré plus accrocheur encore dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, relayé par les Etats Unis qui étaient chargés de la rédaction du projet de résolution. Un texte qui comportait, dans sa version initiale, des éléments de pression, de contraintes et d’affaiblissement de la position du Maroc.

L’attitude américaine peut être lue dans ce sens: l’administration Obama comme le Congrès n’échappent pas à l’influence d’éléments qui n’ont pas toujours le discernement nécessaire lorsqu’il s’agit de politique étrangère. Le cas du Moyen orient, dont de nombreux pays sont aujourd’hui à feu et à sang, est à cet égard éloquent. Sans nommer directement les Etats unis, le Maroc a regretté la position américaine dont la duplicité suscite le doute sur ses déclarations d’amitié lénifiantes.

Le roi Mohammed VI avait le premier tiré la sonnette d’alarme. «La situation est grave, surtout au regard de la confusion patente dans les prises de position et du double langage dans l’expression de l’amitié et de l’alliance, parallèlement aux tentatives de coups de poignard dans le dos», avait affirmé le souverain devant les dirigeants des pays arabes du Golfe, réunis le 20 avril à Riyad, lors du premier sommet Maroc-CCG.

En revanche, le Maroc a remercié les pays qui l’ont soutenu pour leur discernement et leur sens des responsabilités, et dont le premier souci est d’éviter que l’affaire du Sahara ne devienne une source d’insécurité et d’instabilité dans la région.

En tête de ces pays figure la France, dont le représentant au Conseil de sécurité a été clair dans son intervention: La France « considère le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 comme une base sérieuse et crédible pour une solution négociée ».