A tout seigneur tout honneur. Ignacio Cembrero, journaliste vedette du quotidien espagnol El Pais, et « Maghrébologue » averti, a pris la défense du Front Polisario dans un article paru hier dans
les colonnes du journal madrilène, suite au rapt de deux espagnols et d’un italien dans les camps de Tindouf dimanche dernier, probablement du fait de l’organisation terroriste AQMI. Défendre le mouvement qui dispute au Maroc le contrôle du Sahara Occidental est un droit inaliénable de M. Cembrero, que nous ne daignons pas lui réfuter, et ce, d’autant plus que son pays, l’Espagne, est responsable des conditions catastrophiques dans lesquelles s’est déroulée la décolonisation de ce territoire. Or, M. Cembrero a eu la délicatesse de citer
Labass.net, affirmant que la presse électronique marocaine « se délecte de l’enlèvement ». En réalité, c’est tout à fait le contraire, nous, journalistes marocains, somme profondément tristes qu’AQMI aie pu pénétrer dans les camps administrés par le front Polisario et déplorons que le mouvement terroriste ait pu infiltrer les camps.
Cependant, ne sommes-nous pas en droit –en tant que marocains-de nous demander pourquoi l’on assiste à une montée en puissance de l’insécurité dans les camps de Tindouf, alors même que ceci concerne des populations sahraouies constituées de nos compatriotes ? Rien de plus légitime que de questionner les liens troubles et les connexions obscures entre le Front Polisario et les bandes de narcotrafiquants et de terroristes opérant dans le Sahel, puisque des liens avérés ont été mis à jour par la presse internationale à travers des supports tels que l’AFP, Reuters, Daily Telegraph, Le Monde , Financial Times, New York Post, New York Times, Le Figaro, Washington Post. Doit-on pour autant soupçonner l’ensemble de ces supports de « connivences makhzéniennes », argument que M. Cembrero est prompt à dégainer pour expliquer n’importe quelle information défavorable au front Polisario ?
Je ne le pense pas car l’heure est à dépassionner le débat et à poser les vraies questions sur lesquelles j’interpelle Ignacio Cembrero :
- Pouvez vous certifier qu’il n’existe pas de liens entre AQMI et le front Polisario ?
- Si oui, sur quelles preuves vous basez vous outre les affirmations de l’Algérie (pour laquelle rapellons-le, le, AQMI est « surévaluée ») ?
- Pensez vous sincèrement que les journalistes marocains se délectent de l’enlèvement de ressortissants étrangers ?
Sachez, cher Ignacio Cembrero, que vous trouverez au Maroc des journalistes passionnés par leur métier, et qui, parallèlement, aiment leur pays intensément, ce qui ne les empêche pas de le critiquer afin de participer à l’édification d’une vraie démocratie.
Quant au Polisario ou à l’Algérie, qui le défend bec et ongles, souffrez que nous dénoncions, de toutes nos forces et de manière argumentée, un système qui a détruit toutes chances d’intégration régionale.
Quand a vos leçons de journalismes je suis tout à fait prêt à vous recevoir afin que vous me les administriez autour d’un verre de thé, mais de grâce, avant de citer les journaux électroniques marocains- parmi lesquels il semble que vous appréciez tout particulièrement un confrère ce qui vous a poussé à produire un article diffamatoire le mois dernier- renseignez vous un peu et accordez nous le bénéfice du doute, bien que nous ne soyons que des « mauros »…
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