On a assisté à un grand ouf de soulagement après l’annonce du taux de participation de 45% aux législatives de ce 25 novembre, les premières sous la nouvelle Constitution. Beaucoup craignaient une réédition du faible score de 37% enregistré en 2007, ce qui aurait signifié un véritable revers.
Ainsi donc, et contrairement aux pronostics catastrophistes, un million d’électeurs de plus qu’en 2007 se sont déplacés pour ce vote historique qui représente une deuxième consécration pour la nouvelle Constitution. Et d’ores et déjà, il apparaît clairement que les appels au boycott, lancés par le Mouvement du 20 février et quelques autres petits partis, ont été très peu suivis. Pour les partisans du boycott, il s’agit d’un véritable camouflet, à l’image de celui essuyé par les manifestations organisées régulièrement depuis le déclenchement du « Printemps arabe », et qui peinent à mobiliser la population. Mais, à présent que l’honneur du scrutin est sauf, il faut attendre les résultats pour voir si les pronostics étaient justes. Sur les 31 partis politiques en lice pour ces législatives historiques, les prévisions avaient quasiment toutes focalisé sur trois principaux protagonistes : les islamistes du PJD, cantonnés jusqu’ici dans l’opposition, les libéraux du RNI et l’Istiqlal, ces deux derniers faisant partie de la majorité sortante. Le RNI, conduit par le ministre des finances sortant, Salaheddine Mezouar, avait scellé une alliance préélectorale avec sept autres partis, parmi lesquels figurent deux autres ténors de la scène politique, à savoir le PAM de son fondateur Fouad Ali El Himma et le Mouvement Populaire de Mhand Laenser. Quant au PJD, il a préféré reporter la décision sur d’éventuelles alliances jusqu’à la période post-électorale. Mais dans tous les cas, même s’ils arrivent premiers, les islamistes du PJD ne devraient pas dépasser 20% des suffrages compte tenu de l’éclatement du champ politique. En cas de victoire, le PJD aura inévitablement besoin de passer des alliances. La question est de savoir avec qui. L’Istiqlal qui conduisait le cabinet sortant, pourrait former une coalition avec les islamistes même si le vieux parti se dit fidèle à ses alliés de la Koutla.
En tout état de cause, après ce scrutin le Maroc offre l’image d’un pays où le « Printemps arabe » est passé dans la sérénité dans un contexte arabe paradoxalement tourmenté. La démarche du Royaume est en train de montrer que les nécessaires réformes politiques qui doivent être introduites dans les pays arabes, peuvent être menées de manière apaisée et non violente.