PJD : les choses sérieuses ne font que commencer

Abdelilah Benkirane, le leader du PJD sorti vainqueur des urnes le 25 novembre, devrait être reçu mardi par le roi, première étape avant la formation du gouvernement. Mais d’ores et déjà, le parti islamiste a envoyé des messages en direction des partis avec lesquels il compte former la majorité.

C’est dire que les choses sérieuses vont commencer pour le parti islamiste qui est attendu par les citoyens sur les questions prioritaires de l’emploi, de l’éducation, de la santé, etc. Car le PJD a été élu non pas sur ses principes religieux et sa ligne doctrinale, mais sur ses promesses de lutte contre la corruption et la bonne gouvernance. Son programme de moralisation de la vie publique a certainement été un facteur déterminant dans le choix des électeurs. Ceux qui ont voté pour le parti de la lampe attendent une réhabilitation du champ politique, fortement entaché par une classe politique décrédibilisée. Et il ne faut pas s’y tromper, les résultats de ce scrutin historique sont clairement un vote sanction contre les partis de la majorité sortante, dont le bilan est loin d’être brillant. De l’autre côté, le PJD a aussi récolté les fruits de sa présence constante sur le terrain, à l’inverse des autres partis qui ne font généralement leur apparition dans les quartiers que pendant les campagnes électorales. C’est connu depuis des années, les militants et sympathisants du parti islamiste sont au contact permanent des gens. Rien d’étonnant que leur travail de proximité ait été payant. Il reste à présent pour le parti de la lampe à rassurer. Rassurer les citoyens sur les libertés individuelles et collectives et les acquis des dernières décennies. Rassurer les opérateurs économiques sur les décisions réalistes à prendre, loin des promesses électorales fantaisistes et irréalisables.

La réussite des élections du 25 novembre, dont la transparence a été reconnue par les observateurs nationaux et étrangers, renforce assurément l’image du Maroc à l’international, là où il disposait déjà d’une longue réputation de stabilité politique. Le PJD qui a été porté au pouvoir grâce à cette maturité de la société, doit à présent transformer l’essai en travaillant à l’ancrage définitif du pays dans la normalité démocratique et l’alternance politique qui en découle.