Salafistes : Khalidi sur les pas d’Al Khatib ?

abou-hafsMohamed Khalidi est en train de jouer avec les salafistes le même rôle assumé il y a une quinzaine d’années par Abdelkrim Al Khatib avec les islamistes du MUR, la façade idéologico-prédicatrice de l’actuel PJD au gouvernement.
Mais si l’intégration politique des mouvements salafistes est l’objectif de l’un et l’autre, il n’est pas certain que la multitude des sensibilités islamistes soit acquise à ce dessein. Du moins pas dans l’immédiat. Les pouvoirs publics, de leur côté, jouent aussi, même si c’est avec plus de précaution, la carte de l’intégration des salafistes. Car, l’intérêt des autorités est double : d’un côté, intégrer les symboles du salafisme au jeu politique afin de renforcer le processus démocratique, et de l’autre isoler les éléments les plus extrémistes en approfondissant leur marginalisation. Pour autant, l’adhésion du salafiste Abdelwahab Rafiki, plus connu par son surnom d’Abou Hafs à la direction du Parti de la Renaissance et de la Vertu, est loin d’avoir valeur de règle. Quelques autres noms ont également rejoint les rangs de la formation dirigée par Mohamed Khalidi, lors de la réunion du conseil national du parti,  en fin de semaine dernière à Salé. Mais ces adhésions représente-t-elles des actes isolés ou préfigurent-elles la normalisation politique des salafistes dont certains ont quitté la prison il n’y a pas encore longtemps ? La question tire son acuité de la pluralité même des mouvements salafistes, voire des divergences de vues parfois irréconciliables entre leurs dirigeants.
Ces désaccords entre les figures de proue du salafisme marocain ne concernent pas uniquement la question de la participation à l’action politique légale. Ils portent aussi sur des questions fondamentales se rapportant aux libertés individuelles et collectives, au respect de la liberté de conscience et d’expression, aux droits universels, etc. Ainsi, toute adhésion des salafistes au jeu politique en l’absence de réponses claires à de telles questions essentielles, resterait purement illusoire.