Algérie: Véritable affront au pouvoir, les Algériens boudent massivement le référendum

Avec un taux de participation de 23,7% au référendum de dimanche sur la révision constitutionnelle, les Algériens ont asséné un véritable affront au pouvoir incarné par l’armée, qui fondait tous ses espoirs dans la nouvelle Constitution pour doter le président Tebboune d’une légitimité politique face au mouvement populaire d’opposition du Hirak.

Tous ces espoirs ont été réduits en cendre par le boycott massif du référendum, qui a eu lieu alors que le président, 74 ans, est hospitalisé en Allemagne après de graves complications dues au Covid-19. Le président Tebboune avait lui-même était mal élu en décembre 2019, avec un taux de participation de 39,9 %.

L’histoire se répète ainsi deux fois. Après le Hirak qui a abouti à la chute de Abdelaziz Boutaflika en 2019, ce camouflet met de nouveau les généraux algériens en première ligne du pouvoir, dont ils manipulent discrètement tous les leviers, en restant soigneusement tapis derrière un président docile.

Comme le Général Gaïd Salah après la démission dans la disgrâce de Bouteflika, l’actuel homme fort, le général Saïd Chengriha est propulsé au devant de la scène politique en l’absence du président Tebboune, gravement malade. A la différence toutefois de Gaïd Salah qui apparaissait toujours en tenue militaire, le chef d’état-major Chengriha a troqué sa tenue vert kaki contre un costume cravate, histoire de bien signifier qu’avec ou sans le président Tebboune, il n’y aura pas de vacance de pouvoir en Algérie.

Si le référendum a été massivement boudé, la victoire du « oui » ne laisse cependant aucune place au doute. Le pouvoir avait affiché ses intentions dès la campagne électorale en interdisant aux opposants au référendum et aux partisans du boycott de tenir des meetings publics.