Les défaites s’accumulent pour le chef du gouvernement. Après son évidente incapacité à former un gouvernement depuis plus de trois mois, Abdelilah Benkirane doit encaisser l’amertume de la défaite électorale de son parti à Moulay Yacoub.
L’amertume est d’autant plus pénible que l’élection partielle a été perdue par le candidat islamiste devant l’Istiqlal, l’allié d’hier devenu l’ennemi juré du PJD. Un revers essuyé par le PJD à l’issue d’une bataille électorale sans merci, où les deux camps ont usé de tous les moyens. Pour le chef du gouvernement c’est un sacré coup, lui qui clame à tout bout de champ qu’il a été porté au gouvernement par les urnes et que son arrivée aux affaires était le fruit de la popularité du PJD. D’ailleurs, beaucoup de ses amis dans le parti islamiste commencent à se faire du souci sur le degré de sympathie dont peut se prévaloir encore le PJD. A ce titre, la manifestation de milliers de diplômés au chômage, dimanche à Rabat, représente un baromètre fort significatif. Les protestataires ont dirigé des slogans très acerbes presque exclusivement contre le gouvernement Benkirane, le rendant responsable des décisions impopulaires prises et des reculs enregistrés en 20 mois de gouvernement.
Ce qui retient l’attention aussi, c’est que la marche de dimanche a regroupé des manifestants appartenant à pratiquement l’ensemble du spectre politique national, en plus des syndicats, des ONG, etc. Une manifestation qui s’ajoute aux diverses protestations ayant suivi l’augmentation des prix des carburants et les critiques sur les approximations du cabinet Benkirane en matière de gouvernance politique et de gestion économique.
De nombreux observateurs voient dans ces développements autant de signes qui renseignent sur l’effritement accru des arguments constamment affichés par le PJD sur la soi-disant popularité du parti islamiste.