La grève du pain déclenchée par la corporation des boulangers pour deux jours, à partir de ce mercredi, risque de ne pas avoir l’impact escompté par les professionnels.
En soutien à ses revendications d’augmentation des prix, la corporation des boulangers avance certes des arguments imparables. Le prix du pain n’a pas augmenté depuis longtemps. Un pain subventionné est toujours fixé par les pouvoirs publics à 1.20 DH, alors que le coût des matières premières s’est envolé, s’indigne la Fédération Nationale de la Boulangerie et Pâtisserie du Maroc. Ceci dit, la FNBPM n’a peut-être pas bien saisi le sens de la boutade du ministre Mohamed Louafa sur les mlaoui et autres harcha. Ces pâtes préparées à base d’huile et de farine, qui sont vendues à tous les coins de rue et dont les marocains raffolent. A tel point que les cafés ou mahlabas qui se respectent se font un devoir d’engager une femme préposée spécialement à la cuisson à même la rue de ces délicieux mets.
Le ministre des Affaires générales et de la gouvernance ne croyait pas si bien dire en raillant la capacité des boulangeries à perturber le marché du pain. D’autant que le foisonnement des intermédiaires touche aussi largement le segment du pain traditionnel. Le commerce des khabbazates a même prospéré comme jamais auparavant. De plus en plus d’employées ou même de femmes au foyer se détournent du pain acheté dans la boulangerie du coin. Elles lui préfèrent le pain préparé par ces fameuses khabbazates, qui se chargent de surcroît de livrer parfois la commande à domicile.
L’informel gagne partout du terrain, même dans ce commerce vital et les boulangers doivent se rendre à l’évidence qu’ils ne sont plus les seuls faiseurs de pain sur le marché.