La réponse des syndicats était attendue, mais elle ne résout pas le problème pour autant. Le rejet par l’UMT, la CDT et la FDT du scénario du gouvernement pour la réforme de la Caisse Marocaine des Retraites (CMR), ne fait qu’enchevêtrer davantage un dossier déjà assez compliqué et qui ne supporte pas davantage de reports.
Face aux déséquilibres financiers qui menacent l’avenir de la CMR, l’exécutif a mis sur la table des propositions controversées, mais qu’il présente comme incontournables pour la survie de la caisse des fonctionnaires. Le scénario du gouvernement prévoit le prolongement de l’âge de départ à la retraite à 62, puis 65 ans. Parallèlement, l’exécutif préconise l’augmentation du taux de cotisation et le calcul de la pension sur la moyenne des huit dernières années. Un schéma catégoriquement rejeté par les syndicats, pour qui la réforme ne doit pas se faire sur le dos des fonctionnaires.
Réunis durant le week-end, trois jours après la rencontre avec le Chef du Gouvernement, le trio syndical a décidé d’anticiper une éventuelle fuite en avant de l’exécutif. Les trois syndicats ont menacé de prendre « les formes militantes adéquates » face aux décisions « unilatérales que pourrait prendre l’Exécutif durant la période des congés d’été ».
La pause du ramadan devrait permettre aux syndicats de formuler leurs contre-propositions. Mais, ce n’est que partie remise pour les deux camps, qui doivent se préparer à une réforme douloureuse, mais indispensable. D’une part, les syndicats savent qu’ils ne pourront pas se dérober indéfiniment à un aggiornamento devenu inévitable et doivent le négocier comme ils peuvent. De l’autre, le Chef du gouvernement se trouve dans une situation pour le moins inconfortable. Entre la contrainte d’une réforme incontournable et le souci de ne pas fâcher les fonctionnaires en prévision des élections communales de 2015, la marge de manœuvre d’Abdelilah Benkirane est assez étroite.