Le plafonnement du prix du pétrole russe jette l’incertitude sur les marchés mondiaux des hydrocarbures

Le plafonnement du prix du pétrole russe, décidé par l’Union européenne, les pays du G7 et l’Australie, à partir de ce lundi 5 décembre, est censé restreindre les revenus de la Russie en guerre contre l’Ukraine, et fragiliser sérieusement son économie. 

L’activation de ce plafonnement coïncide avec l’entrée en vigueur d’un embargo de l’Union européenne sur le pétrole russe acheminé par voie maritime, plusieurs mois après l’embargo déjà décidé par les Etats-Unis et le Canada. 

Cet embargo européen est censé empêcher la Russie, deuxième exportateur mondial de brut, de contourner ces différents embargos pour trouver de nouveaux acheteurs aux pris du marché. 

Le mécanisme adopté pour ce plafonnement prévoit que seul le pétrole vendu à un prix égal ou inférieur à 60 dollars le baril, un prix très supérieur au coût de production actuel du pétrole en Russie, pourra continuer à être livré, et qu’au-delà, il sera interdit pour les entreprises basées dans les pays de l’Union européenne, du G7 et en Australie de fournir les services permettant le transport maritime (négoce, fret, assurance, armateurs, etc) du brut russe. 

Puisque les pays du G7 fournissent les prestations d’assurance pour 90% des cargaisons mondiales de pétrole et l’Union européenne est un acteur majeur du fret maritime, ses initiateurs peuvent répercuter ce plafonnement sur le pétrole livré à la majorité des clients de la Russie à travers le monde, ce qui constitue un pouvoir de dissuasion crédible.

Le plafonnement ne s’appliquera pas aux cargaisons chargées avant le 5 décembre et un plafonnement supplémentaire concernant les produits pétroliers interviendra le 5 février. 

Il sera réexaminé dès mi-janvier, puis tous les deux mois, avec la possibilité de le modifier selon les évolutions des cours, avec le principe que le plafond soit fixé à un niveau inférieur d’au moins 5% au prix moyen du marché. Toute révision nécessitera l’accord des pays du G7, de l’Australie et de l’ensemble des Vingt-Sept pays membres de l’UE. 

Les experts s’inquiètent de ce « saut dans l’inconnu » et guettent la réaction des pays producteurs de la Russie et de l’Opep+. Mais grâce au prix de 60 dollars, ses initiateurs espèrent inciter la Russie à continuer à vendre son pétrole, au risque de réduire l’offre mondiale et de provoquer une envolée des cours. Kiev a de son côté fustigé un plafond insuffisant pour pénaliser le Kremlin.