Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité RTE a annoncé hier jeudi dans son bilan annuel que la production d’électricité en France, en 2022, a été la plus basse des trente dernières années, attribuant cette situation à une baisse historique de la production nucléaire liée aux difficultés du parc de réacteurs d’EDF affectés par des problèmes de fissures.
Dans l’absolu, jamais aussi peu de térawattheures (TWh) d’origine nucléaire n’avaient été produits depuis 1988, avant la fin de la construction du parc nucléaire, avec une production de 279 TWh en 2022, soit seulement 62.7% de l’électricité, contre 69% en 2021 et plus de 70% auparavant. A titre de comparaison la France en produisait 430 TWh en 2005.
La France s’appuie historiquement sur son parc nucléaire pour fournir du courant depuis 50 ans. Mais l’exploitant EDF a dû affronter une crise industrielle liée à la découverte de corrosion sur des tuyauteries cruciales pour la sûreté des centrales nucléaires.
La campagne de contrôle et réparation a perturbé un programme de maintenance déjà retardé par le Covid, ce qui a conduit à des situations où jusqu’à la moitié des 56 réacteurs du parc se retrouvait à l’arrêt au même moment, menaçant le pays de coupures électriques en plein hiver. Et en raison des conditions climatiques exceptionnellement chaudes et sèches, la production hydraulique d’électricité a aussi baissé de 20% par rapport à la moyenne 2014 – 2019.
Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, a déclaré lors d’une conférence de presse que, malgré une crise énergétique inédite depuis le choc pétrolier des années 1970, sur fond de tensions d’approvisionnements en lien avec la guerre en Ukraine, la France a montré sa résilience et garanti sa sécurité d’approvisionnement.
La France a évité le scénario noir de coupures électriques au cœur de l’hiver, grâce à des importations d’électricité et à la remontée du parc nucléaire en fin d’année, combinées à une baisse de la consommation nationale d’électricité par les ménages et les entreprises.
La consommation de l’année 2022 a reculé de 4.2% en 2022 par rapport aux valeurs moyennes historiques (2014-2019), une baisse essentiellement concentrée sur le dernier trimestre. La France, comme ses voisins européens, a eu la chance d’un hiver doux qui a retardé l’allumage des radiateurs. Appelés depuis octobre à la sobriété par le gouvernement, particuliers et entreprises ont volontairement réduit leur consommation.