Affaire des jupes : un électrochoc salutaire

L’affaire des jupes d’Inezgane est en train de se retourner contre ceux qui l’ont provoquée, fonctionnant comme un électrochoc qui éveille les consciences sur les dangers menaçant les libertés individuelles, à cause de quelques agités se croyant dépositaires des bonnes mœurs à la place des pouvoirs publics.

jupes-affairePremier signe de ce retournement, la demande de non-lieu formulée par le procureur lui-même devant le tribunal d’Inezgane. Se ravisant, le ministère public a, tout compte fait, jugé que l’arrestation de Sanaa et Siham a été de bout en bout entachée de vices de forme.

En fait, ce n’était pas d’outrage public à la pudeur dont il s’agissait. Les deux jeunes filles étaient tout simplement victimes de harcèlement dans un souk par une foule jugeant leur tenue indécente. Deux des agresseurs ont été identifiés par la suite et arrêtés.

L’affaire de Sanaa et Siham est ensuite devenue une affaire d’opinion publique, qui a soulevé l’indignation à travers le pays, et même au-delà. La présence au tribunal de dizaines d’avocats, de militants des droits de l’homme et de nombreux citoyens jaloux de leurs droits, a réconforté les deux jeunes filles. Celles-ci portaient d’ailleurs des jupes, en guise de pied de nez à leurs contempteurs qui avaient estimé inconvenante leur manière de s’habiller.

En fait, les excités détracteurs avaient essayé de camoufler leur impudent harcèlement contre les deux filles, en attisant la vindicte de la foule contre des vêtements soi-disant irrespectueux.

Finalement, le tribunal a annoncé que le verdit sera prononcé le 13 juillet, un intervalle qui servira certainement à la société civile pour redoubler de mobilisation en solidarité avec Sanaa et Siham. Mais, surtout pour défendre les libertés individuelles et le droit à la différence dans l’espace public contre une minorité d’extrémistes qui tentent d’imposer un ordre moral liberticide.