Sahel: « Notre politique africaine s’effondre sur nous », commente l’ancien ambassadeur de France à l’ONU

Commentant la vague de protestations qui balaie la présence française au Sahel, l’ancien ambassadeur de France aux États-Unis et auprès des Nations unies à New York, Gérard Araud, affirme « Notre politique africaine s’effondre sur nous », plaidant pour la « changer du tout au tout ».

Dans une chronique parue mardi dans le magazine Le Point, Gérard Araud pointe une « vague qui emporte les intérêts français à travers le Sahel », estimant que « les Français, qui n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes, n’avaient pas compris qu’une époque s’achevait à leurs dépens ».

« Loin d’avoir ses origines dans les intérêts mercantiles, le problème de la France en Afrique est politique », affirme l’ancien diplomate, précisant que Paris « n’a pas su accepter que ses anciennes colonies soient désormais indépendantes et les traiter en conséquence ».

Pour lui, « le djihadisme, dix ans après l’arrivée des Français, était plus fort que jamais », et « après l’expulsion française du Mali, il aurait fallu impérativement changer de politique, mais Paris ne l’a pas fait et les acteurs locaux ont décidé de prendre les choses en main à leur manière ».

Gérard Araud préconise, entre autres, « une réduction drastique des effectifs sur place, la fermeture des bases qui n’ont d’autre justification que l’intervention dans les affaires africaines », car fait-il observer, « ce n’est pas à nous de décider la forme de régime qui convient à un pays ».

« Il y a des moments où il faut trancher dans le vif. C’est le cas aujourd’hui en Afrique. Ou la réalité nous rattrapera une fois de plus », prévient-il, faisant valoir que le principe devrait être simple : « Nous entretenons avec ces pays des relations égalitaires et normales ».

« Au XXIe siècle, l’influence d’un pays ne repose ni sur ses canonnières ni sur son ancien empire colonial. Il y a longtemps que nous aurions dû le comprendre », conclut Gérard Araud.