Sahel : La junte au pouvoir à Niamey s’isole de plus en plus

La junte au pouvoir à Niamey a ordonné hier mercredi à la coordinatrice des Nations unies au Niger, la Canadienne Louise Aubin, de quitter le pays dans les trois jours dénonçant notamment les « entraves » des Nations unies à sa reconnaissance internationale. 

Le régime militaire entend également par là dénoncer le refus du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de laisser Bakary Yaou Sangaré, le ministre des Affaires étrangères nigérien, intervenir lors de la 78ème assemblée générale de l’organisation, en septembre, à New York. 

Mardi dernier, deux mois et demi après les faits, le porte-parole du département d’Etat a déclaré dans un communiqué que « les Etats-Unis ont conclu qu’un coup d’Etat militaire avait eu lieu au Niger », une désignation officielle qui entraîne, conformément à la loi américaine, la fin de l’aide apportée au pays concerné, en l’occurrence la suspension de 442 millions de dollars d’assistance économique. 

Washington affirme avoir, au cours des deux derniers mois, « épuisé toutes les voies possibles pour préserver l’ordre constitutionnel au Niger ». L’ambassadrice américaine à Niamey, Kathleen FitzGibbon, est maintenue à son poste et reste, selon la source officielle américaine, « engagée dans des discussions informelles avec les dirigeants du CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) », le nom de la junte. 

La présence militaire américaine au Niger, avec un millier de soldats qui y sont déployés, principalement sur la base d’Agadez dans le nord du pays qui constitue un pôle important pour le renseignement militaire américain au Sahel, n’est pour l’heure pas remise en cause, contrairement à celle de la France, dont le départ des soldats, réclamé par la junte, a commencé mardi selon l’état-major français. 

De son côté, l’Algérie a également décidé de suspendre son engagement à une médiation pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays, en raison notamment du refus des militaires nigériens d’accepter comme base de travail de discussions préliminaires la proposition d’Alger d’une transition de six mois dirigée par un civil. 

La communauté internationale peine à faire plier une junte qui n’a transigé sur rien depuis son arrivée au pouvoir le 26 juillet dernier. Si cette position a précipité l’isolement des militaires, elle leur a aussi permis d’asseoir leur légitimité auprès de la population dans une région gangrénée par le djihadisme et où les coups d’Etat se sont succédé depuis 2020.