Face à l’exacerbation de la mendicité, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) recommande une série de mesures, dont l’amélioration des programmes de prise en charge sociale des catégories vulnérables et le durcissement des sanctions contre l’exploitation des enfants, des personnes âgées, des femmes et des personnes handicapées à des fins de mendicité.
Ces recommandations sont contenues dans l’avis élaboré par le CESE, dans le cadre d’une auto saisine, dans un contexte marqué par l’accroissement et la prégnance du phénomène de mendicité observée dans les rues et espaces publics au Maroc, indique un communiqué du Conseil.
Pour le président du CESE, Ahmed Reda Chami, qui s’exprimait lors d’une rencontre de communication, organisée mercredi à Rabat, la mendicité est un phénomène social complexe de par ses causes conjoncturelles et structurelles, ses facettes culturelles, sociales et économiques, ses multiples formes et ses répercussions sur les individus, la société et l’ordre public.
La mendicité, qui porte atteinte à la dignité humaine et aux droits fondamentaux des personnes qui la pratiquent, touche en premier lieu les catégories vulnérables qui ont besoin de protection contre toute exploitation et trafic, notamment les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées et n’a donc pas sa place dans le cadre de l’ambition sociale de l’État, que le Royaume cherche à asseoir progressivement sur des bases stratégiques et durables, ajoute le communiqué.
Il existe des « facteurs de risque » s’ajoutant à d’autres facteurs circonstanciels, qui contribuent à pousser les personnes en situation de précarité vers la mendicité, tels que l’abandon de la famille, le divorce ou la perte du soutien familial pour les femmes, les faibles niveaux d’éducation et de formation, le déclin des valeurs de solidarité familiale et l’état de santé de la personne (santé physique et mentale et handicap), explique pour sa part, Abdelmaksoud Rachdi, membre du CESE.
Le conseil propose une série de mesures déclinées en quatre axes intégrés. Le premier concerne « l’éradication complète de l’implication des enfants dans la mendicité », en renforçant notamment les mesures répressives à l’égard des exploiteurs et trafiquants d’enfants, qu’ils soient parents ou étrangers à l’enfant.
Le deuxième axe vise à « assurer la protection des personnes vulnérables contre l’exploitation à des fins mendicité », en réprimant sévèrement les actes délictuels et criminels dissimulés sous couvert de mendicité, conformément au Code pénal, particulièrement à l’égard des exploiteurs de femmes, de personnes âgées et de personnes en situation de handicap.
Le troisième axe concerne « la réhabilitation et réinsertion des personnes en situation de mendicité », à travers la révision du dispositif juridique actuel, notamment en mettant fin à la pénalisation de la mendicité.
En même temps, le conseil propose des alternatives viables à la mendicité, à travers le renforcement des politiques d’assistance sociale, le développement des activités génératrices de revenus et l’amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de troubles psychiatriques.
Le quatrième axe a trait à « la prévention de la mendicité », en renforçant la résilience socioéconomique des ménages, qui passe inéluctablement par la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales et spatiales et l’amélioration de l’accès aux soins, à l’éducation, à la formation et à l’emploi, explique le CESE.