Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir en Syrie le 8 décembre après le renversement de Bachar al-Assad, a été désigné mercredi « président » intérimaire. Le pays entre ainsi dans une transition délicate vers la démocratie.
Les nouvelles autorités ont annoncé la dissolution de l’ancien Parlement et le gel de la Constitution de 2012. Chareh est chargé de former un « conseil législatif intérimaire », sans précision sur la durée de cette période de transition. Ces décisions ont été prises après une rencontre avec des chefs de factions armées ayant participé à la chute d’Assad.
Chareh assurera la présidence et représentera la Syrie sur la scène internationale. Tous les groupes armés et organisations politiques liés à la révolution sont dissous et doivent être intégrés aux institutions étatiques, selon un communiqué du colonel Hassan AbdelGhani.
La chute d’Assad met fin à plus d’un demi-siècle de domination familiale, marquée par une répression brutale et un contrôle étouffant des libertés publiques. Les nouvelles autorités ont également dissous le parti Baas, au pouvoir depuis plus de 60 ans, ainsi que l’armée de l’ancien régime et ses agences de sécurité, en vue de reconstruire une nouvelle armée et un appareil sécuritaire garantissant la sûreté des citoyens.
Un gouvernement de transition, prévu pour trois mois, a été mis en place. Chareh multiplie les rencontres avec des diplomates étrangers et s’exprime régulièrement dans les médias. Il a estimé que l’organisation d’élections pourrait prendre quatre ans et la rédaction d’une nouvelle Constitution jusqu’à trois ans. Son gouvernement plaide pour la levée des sanctions occidentales, une demande partiellement entendue par l’Union européenne et Washington.
Dans un pays ravagé par 13 ans de guerre civile, les nouvelles autorités tentent de rassurer les minorités, préoccupées par les arrestations et exécutions signalées par des ONG. Chareh a défini les priorités du pays : stabiliser le pouvoir, préserver la paix civile, reconstruire l’État et relancer l’économie. « La mission des vainqueurs est lourde », a-t-il souligné.