La Commission européenne a présenté une «boussole pour la compétitivité», une sorte de feuille de route destinée à freiner le décrochage économique des Vingt-Sept face aux États-Unis et à la Chine.
Cette initiative vise à répondre aux constats alarmants dressés par les rapports de Mario Draghi et d’Enrico Letta, publiés il y a quelques mois, qui soulignent une stagnation de la croissance et un déficit d’innovation en Europe depuis plus de vingt ans.
Bruxelles prévoit ainsi une vingtaine de propositions législatives à discuter et à adopter d’ici 2027. Cet agenda s’articule sur trois axes majeurs à savoir : alléger le cadre réglementaire jugé trop contraignant pour les entreprise ; stimuler l’innovation et le développement des nouvelles technologies et réduire la fragmentation des marchés stratégiques tels que l’énergie, la défense et la finance.
En d’autres termes, l’UE ambitionne de passer d’un modèle fondé sur la régulation à une approche plus offensive visant à renforcer sa souveraineté économique.
Toutefois, la mise en œuvre de ces projections s’annonce complexe. La Commission insiste sur le fait que simplifier ne signifie pas déréguler, un équilibre délicat à maintenir, notamment au regard des engagements pris dans le cadre du Pacte vert, alors que le risque de remise en cause des ambitions climatiques européennes est réel, d’autant que les récents changements politiques au Parlement européen reflètent une montée des voix contestant cet agenda.
Enfin, le financement de cette stratégie demeure lui aussi incertain. Le rapport Draghi évalue à 800 milliards d’euros par an les investissements nécessaires pour repositionner l’économie européenne.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a écarté l’idée d’un financement commun, malgré les réticences de l’Allemagne et des Pays-Bas, évoquant la création d’un fonds de compétitivité en 2028, sans préciser son ampleur ni son mode d’alimentation.
Si cette feuille de route témoigne d’une prise de conscience des enjeux à l’international, l’Europe reste sur la défensive. Alors qu’elle commence à répondre aux subventions massives de la Chine et des États-Unis, elle doit désormais anticiper d’éventuelles nouvelles tensions économiques, notamment avec les Etats-Unis.
Dans un environnement international en constante mutation, l’UE doit se doter d’un projet concret et ambitieux, capable de mobiliser ses membres, suggèrent des spécialistes, estimant qu’une boussole indique la direction, mais ne garantit pas d’atteindre la destination.