Les tensions entre l’Inde et le Pakistan ont atteint un niveau critique jeudi après l’attaque la plus meurtrière visant des civils au Cachemire depuis 2000. Mardi, trois hommes armés ont ouvert le feu sur des touristes à Pahalgam, faisant 26 morts – dont 25 Indiens et un Népalais – dans ce territoire disputé à majorité musulmane.
Les autorités indiennes ont diffusé les portrait-robot de trois suspects, dont deux Pakistanais, qu’elles présentent comme membres du groupe jihadiste Lashkar-e-Taiba (LeT) – déjà responsable des attentats de Bombay en 2008. Une prime de plus de 20 000 euros a été offerte pour leur capture.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a juré de traquer les auteurs « jusqu’au bout de la Terre », promettant de « punir les terroristes et ceux qui les soutiennent ». Ces déclarations ont immédiatement ravivé les tensions avec le Pakistan, qui a nié toute implication.
En réponse à l’attaque, New Delhi a pris mercredi une série de mesures punitives d’une ampleur sans précédent : la suspension immédiate du traité des eaux de l’Indus de 1960 – un accord crucial qui régit le partage des ressources hydriques entre les deux pays et dont dépend fortement le Pakistan ; la fermeture immédiate du principal point de passage frontalier terrestre entre les deux nations ; ainsi que le rappel de plusieurs diplomates et l’annulation systématique de tous les visas en cours pour les ressortissants pakistanais, marquant ainsi un durcissement significatif de la position indienne.
Jeudi, Islamabad a répliqué par des mesures symétriques : expulsion de diplomates indiens, fermeture de l’espace aérien aux compagnies indiennes, suspension des échanges commerciaux et annulation des visas pour les citoyens indiens, sommés de quitter le pays sous 48 heures.
Le Pakistan a averti que toute restriction de son accès aux eaux de l’Indus serait considérée comme un « acte de guerre ». Le ministre de la Défense pakistanais a affirmé : « Nous sommes prêts à toute éventualité pour protéger notre territoire. »
Cette crise intervient trois ans après la dernière escalade militaire de 2019. Pour Praveen Donthi de l’International Crisis Group, « cette attaque ramène les relations bilatérales à leur pire niveau ». Alors qu’aucun groupe n’a revendiqué l’attentat à midi jeudi, les observateurs redoutent une nouvelle confrontation entre ces deux puissances nucléaires.