Confrontée à une baisse persistante du trafic maritime, l’Égypte a annoncé une mesure incitative majeure pour les armateurs internationaux qui consiste en une réduction de 15 % des frais de transit par le canal de Suez pour les porte-conteneurs d’un tonnage net égal ou supérieur à 130.000 tonnes.
Cette décision, entrée en vigueur immédiatement, vise à stimuler le commerce maritime mondial et à soutenir les compagnies maritimes confrontées à la flambée des coûts logistiques et aux perturbations géopolitiques actuelles dans le monde.
Le canal de Suez égyptien est une voie navigable stratégique reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge et représente à ce titre, une source cruciale de devises étrangères pour l’Égypte, avec des recettes avoisinant les 9,4 milliards de dollars en 2023. Toutefois, le trafic maritime à travers ce canal a enregistré une baisse significative ces derniers mois.
Plusieurs facteurs expliquent cette baisse du trafic maritime. Il s’agit d’abord de la crise en mer Rouge, où les attaques répétées des Houthis au large du Yémen ont forcé de nombreux navires à emprunter des routes alternatives comme le cap de Bonne-Espérance, entraînant des délais supplémentaires et une hausse des coûts logistiques.
Ensuite, le ralentissement économique en Europe et en Asie a pesé sur les échanges commerciaux mondiaux, réduisant mécaniquement les volumes de fret conteneurisé. Enfin, certains armateurs optent délibérément pour des itinéraires moins exposés aux risques géopolitiques, même si cela implique des trajets plus longs et des coûts plus élevés, contribuant ainsi à détourner une partie du trafic du canal de Suez.
Face à ces défis, l’Autorité du canal de Suez (SCA) a opté pour une politique tarifaire plus attractive. « Cette réduction s’inscrit dans une stratégie visant à maintenir la compétitivité du canal et à encourager les compagnies maritimes à privilégier cette voie essentielle pour le commerce international », a déclaré Osama Rabie, président de la SCA.
Les analystes estiment que cette baisse tarifaire, bien que modeste, envoie un signal positif aux acteurs du secteur de la marine marchande, notamment dans un contexte où les coûts du transport maritime ont augmenté de près de 30 % sur certaines routes en 2024.
Cette annonce intervient alors que le gouvernement égyptien, sous pression financière, ne peut se permettre une chute prolongée des revenus du canal. Les prochains mois seront déterminants pour évaluer l’efficacité de cette mesure et son éventuel élargissement à d’autres segments du trafic maritime.