Le Maroc n’a jamais cherché à nager dans les eaux troubles. Il a été toujours respectueux des choix et de la souveraineté des peuples frères voisins. Il vient de le prouver encore une fois, en reconnaissant officiellement lundi soir, le Conseil national de transition (CNT) en tant que « représentant unique » conformément à la volonté du peuple libyen. Il est aussi le premier pays maghrébin à dépêcher un émissaire de haut rang à Benghazi pour prendre un contact direct avec le CNT. Le ministre des Affaires étrangères, Taieb Fassi Fihri, se rend ce mardi Benghazi, fief de la rébellion, pour transmettre un message du Roi Mohammed VI, au président du CNT, Moustafa Abdeljalil.
« Le Royaume du Maroc confirme aujourd’hui sa reconnaissance du CNT en tant que représentant unique et légitime du peuple libyen, et porteur de ses aspirations à un avenir meilleur fondé sur l’équité, la justice, la démocratie et l’Etat de droit », a indiqué Taieb Fassi Fihri dans une déclaration au nom du gouvernement marocain, diffusée par les chaînes de télévision marocaines « Al Oula » et « 2M ».
Le ministère des A.E a par ailleurs, indiqué dans un communiqué, que le message royal « porte sur l’évolution significative enregistrée sur la scène libyenne et le rôle déterminant joué par le Conseil national de transition libyen dans cette nouvelle page de l’histoire de ce pays ». Le Maroc salue au passage, le rôle du CNT en vue de la concrétisation des aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à la liberté et au progrès.
Contrairement à son voisin algérien qui a choisi, en avançant le principe de neutralité, de garder un mutisme total à l’égard de ce qui se passe en Libye depuis le début de la rébellion à la mi-février, et qui a été même accusé vertement par la présidence du CNT d’appuyer les partisans du régime de Kadhafi, le Maroc s’est mis dès le début de la révolte, du côté du peuple libyen tout en respectant ses choix.
La position du royaume chérifien, s’explique selon les observateurs par le fait que le peuple marocain n’oubliera jamais que les armes qui ont tué ses premiers soldats dans le conflit du Sahara Occidental, étaient livrées par le régime du Colonel Mouammar Kadhafi.
C’est en effet grâce à la générosité et au concours financier, logistique et militaire libyen qu’un groupe d’étudiants marocains, encouragés par les généraux de l’armée algérienne à déserter leur pays, sont allés créer dans les campements de Tindouf au sud-ouest algérien, le premier noyau du mouvement séparatiste «le front Polisario». L’appui inconditionnel algéro-libyen aux séparatistes, n’a depuis lors point tari. Bien au contraire, les deux régimes ont dépensés des millions de pétrodollars pour étendre ce soutien au champ diplomatique, afin d’arracher une reconnaissance de la prétendue république sahraouie dans les instances de l’ancienne Organisation de l’Union Africaine (OUA) et en exclure à coup de pots de vin, le Maroc, un des pays fondateurs de l’organisation panafricaine. A présent, hormis certains pays comme l’Afrique du Sud qui a cédé aux pressions des régimes algérien et libyen et une minorité d’états africains, l’Algérie fait cavalier seul pour assurer la survie d’un mouvement séparatiste aux causes perdues. Et dire que les peuples frères marocain et algérien ont mené une bataille commune pour leur indépendance et qu’un bon nombre de dirigeants algériens, dont l’actuel président Abdelaziz Bouteflika, sont nés ou ont grandi sur le sol marocain.
Depuis son indépendance, le Maroc n’a jamais osé soutenir les tendances séparatistes chez ses voisins immédiats et a affiché, dès le début de la rébellion libyenne, un respect sans ambiguïté du choix du peuple libyen.