Le procès des détournements à la Caisse nationale de sécurité sociale s’est enfin ouvert le 13 septembre à Casablanca. Il a valeur de symbole à plus d’un titre. Il met en effet à l’épreuve la justice, dont le rôle et l’indépendance sont renforcés par la nouvelle Constitution, d’une part. De l’autre, il devrait servir d’exemple pour la moralisation de la vie publique, toujours dans le contexte du nouveau texte fondamental.
Si la cour d’Appel a reporté le procès au 4 octobre prochain, la prise en main par la justice de cette affaire, est en lui-même révélateur d’une détermination à en finir avec les malversations qui ont longtemps prévalu dans plusieurs établissements publics. En tout, ce sont 28 cadres de la CNSS qui sont impliqués dans le procès d’une institution publique à fort impact social. Elle compte en effet près de 2,5 millions d’adhérents, employés dans le secteur privé. Les accusés sont poursuivis pour dilapidation de quelque 115 milliards de dirhams entre les années 1970 et 2001. Une commission parlementaire a mené une enquête de six mois en 2003. La dizaine de parlementaires membres de la Commission ont établi un rapport accablant sur trois décennies de gabegie au sein de l’institution. Le rapport attribue l’énorme trou financier à « la mauvaise gestion, à la gabegie, aux détournements et malversations de manière directe et indirecte ayant ciblé l’institution et ses biens ». Durant plusieurs années, 5.000 personnes ont été recrutées hors de toute procédure administrative, au point que le Conseil d’administration a rejeté les comptes de la Caisse en 1981. Les parlementaires qui ont établi le rapport avaient pointé la responsabilité de différents hauts cadres de la CNSS. Pourtant, l’ensemble des 28 accusés, dont 25 étaient présents à l’ouverture du procès, sont poursuivis en état de liberté. Ce qui rassure sur la sérénité des juges saisis de l’affaire, malgré la forte pression des médias. Aujourd’hui, le ciel est plus clair au dessus de la CNSS qui a retrouvé une santé. Et, qu’elle qu’en soit l’issue, ce procès devrait servir d’exemple dissuasif pour d’éventuels aventuriers.
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