Pressenti au lendemain des législatives de novembre dernier pour le poste d’ambassadeur à Paris puis à Ryad, Mohamed Saâd Hassar a vu ses rêves s’évaporer l’un après l’autre. Celui qui occupait les fonctions de Secrétaire d’État à l’Intérieur jusqu’à la nomination du gouvernement Benkirane, était donné même candidat favori pour succéder à son patron, Taieb Cherkaoui à la tête du ministère de l’Intérieur. Plusieurs cadres supérieurs de ce département étaient convaincus que le poste revenait de plein droit à Hassar, neveu d’Abdelkrim Al Khatib, fondateur du Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC), ancêtre de l’actuel PJD d’Abdelilah Benkirane. Le passage de l’Intérieur dans le giron du politique, et les déclarations du chef du nouveau gouvernement assurant que certains portefeuilles allaient être concédés à des technocrates, ont alimenté les pronostics qui donnaient Hassar nouveau ministre de l’intérieur. De nombreux observateurs au fait des arcanes du pouvoir ont du mal à imaginer que ce grand commis de l’Etat, aux compétences et à l’entregent reconnus, puisse être forcé à prendre sa retraite à l’âge précoce de 58 ans. Pourtant, Hassar a toujours su rester discret et n’est que rarement affecté par ce qui se dit ou s’écrit sur lui. Peu de photos de lui circulent dans les médias et ses apparitions en public se limitent à quelques cérémonies officielles. Alors quelles sont les véritables raisons de sa mise à l’écart ? Certains fins connaisseurs de ce qui se trame dans les coulisses, pensent que le coup de grâce lui est venu directement du dernier scrutin législatif. Les résultats des sondages d’opinion menés en totale discrétion par l’équipe du Secrétaire d’Etat se sont révélés très lointains du verdict final des urnes. Les rapports établis sur la base de ces sondages donnaient pour grands vainqueurs l’alliance pour la démocratie, plus connue sous l’appellation G-8 que conduisait Salaheddine Mezouar, chef du Rassemblement National des Indépendants (RNI). Une erreur fatale qui n’a pas été appréciée en haut lieu. C’est probablement pour cette raison que Saâd Hassar a été renvoyé « at home » en catimini, alors que l’état-major du PJD lui avait donné sa bénédiction pour succéder au ministre Cherkaoui, compte tenu des liens de parenté entre Hassar et feu Abdelkrim Khatib, parrain historique du PJD.
Des observateurs estiment toutefois que ce faux pas ne signifie pas une fin de carrière pour Saâd Hassar, qui était le véritable gardien du temple au ministère de l’intérieur, depuis le départ de Fouad Ali El Himma. Son nom devrait fort bien figurer sur une liste d’attente pour une future nomination.