Ramid reconnait que la justice est encore rongée par la corruption

Dans l’attente de la réforme de la justice promise en plein campagne électorale, le ministre de la justice et des libertés se contente de faire le décompte des cas de corruption dont sont saisis les tribunaux marocains. Pourtant, le Parti Justice et Développement (PJD), grand vainqueur des législatives de novembre dernier qui l’ont propulsé à la tête du gouvernement, a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Dans la foulée, Mustapha Ramid n’a pas hésité de qualifier d’«alarmante » la situation dans ce petit monde de la justice. Les tribunaux du Royaume ont du traiter en deux ans, près de 4415 affaires de corruption ayant entraîné la poursuite de 4430 mis en cause. Seize cas de détournements ont été également traités par la justice au cours de 2010 à 2011. Le ministre PJDiste qui présentait au parlement, le budget sectoriel de son département, a en effet révélé des chiffres effrayants, au moment où la société civile attendait le lancement de cette fameuse réforme de la justice qui tarde à venir malgré la succession de plusieurs gouvernements. Suite à l’implication avérée de nombreux magistrats et fonctionnaires de la justice dans des affaires de corruption, a précisé Mustapha Ramid, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a suspendu durant les deux dernières années, « huit juges, prononcé des sanctions à l’encontre de 44 magistrats et averti 650 membres du corps de la magistrature ». Des suspensions et des mesures disciplinaires ont été également prononcées à l’encontre 45 fonctionnaires du ministère de la justice parmi 72 dossiers traités, alors que 149 autres dossiers sont en cours de traitement par la justice. Les mesures disciplinaires ont par ailleurs, concerné 169 auxiliaires de justice, alors que 70 notaires et 63 adouls ont été soit frappés de sanctionnés disciplinaires ou sont poursuivis pénalement. Les avocats non plus, n’ont pas été épargnés, puisqu’ils ont fait l’objet de 31 mesures disciplinaires et de 59 poursuites pénales. Devant ces révélations et mine de rien pour calmer les esprits et rassurer les justiciables, le ministre n’a pas manqué d’avancer l’idée d’une feuille de route pour la réforme du secteur de la justice qui, a-t-il dit, exige une infrastructure logistique et des instances judiciaires efficaces. Le ministre a énuméré, au passage, les divers obstacles qui se dressent encore devant la volonté du gouvernement de Benkirane de réformer la justice pour assainir le climat dans le monde des affaires, des droits de l’homme et de la démocratie. Une chose est sûre, c’est que Ramid et ses autres collègues du PJD démarrent leur mandat dans une conjoncture difficile pour ne pas dire impossible. Leur agenda est en tout cas bien rempli.