Après la gronde sociale suscitée par l’augmentation controversée des prix des carburants, le gouvernement Benkirane doit à présent faire face à la colère des professionnels du tourisme et de la restauration.
Ces derniers ne sont pas du tout contents et ils le font savoir. En cause, la proposition de loi déposée par 14 députés islamistes du groupe parlementaire du PJD, afin d’interdire la publicité pour les alcools. La proposition a fait cabrer l’Association des producteurs de raisins et toute une panoplie de métiers connexes. Tous se sentent menacés par l’initiative contestée des parlementaires islamistes. Ainsi, les Fédérations de l’industrie hôtelière (FNIH), du tourisme (FNT), des restaurateurs (FNR) et des agences de voyages (FNAVM) ont décidé de passer à l’action. Elles ont signé une lettre de protestation adressée à la Chambre des représentants. Derrière cette réplique, il y a évidemment une mobilisation et des intérêts sectoriels, voire corporatistes à défendre. Pourtant, ces professionnels ne sont pas insensibles aux problèmes de l’alcoolisme dont le PJD essaie de s’imposer en dénonciateur exclusif. Ils proposent en lieu et place de l’interdiction facile de la publicité, d’agir plus en profondeur. A travers une législation instaurant de « vrais programmes de sensibilisation et de prise en charge des problèmes de santé liés à l’alcoolisme ».
Mais le vrai débat est ailleurs. Au-delà des intérêts particuliers des uns et des autres, ce sont les pertes économiques et en terme d’image qui feraient le plus mal pour un pays à vocation touristique. Au niveau social, une telle interdiction donnerait en outre le point de départ d’une stigmatisation inutile et un clivage contreproductif entre consommateurs et non consommateurs d’alcool. Car il ne faut pas s’y tromper, l’interdiction de la publicité pour les alcools si elle réussit à passer au Parlement, ne serait qu’une étape dans la stratégie à long terme des islamistes pour réaliser leur rêve d’interdire tout simplement l’alcool. Inutile de conjecturer sur les effets dévastateurs d’une telle perspective pour des dizaines, voire des centaines de milliers d’employés, qui vivent de la restauration à Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès, Tanger et toutes les autres destinations touristiques du pays.