Le jeu de rôle auquel se livrent Hamid Chabat et Driss Lachgar n’a pas encore révélé tous ses secrets, mais la connivence de ces deux figures de l’antique Koutla n’en inquiète pas moins le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et ses troupes du PJD.
Provocation ou résolution posée, en tout cas Driss Lachgar a promis, s’il était élu Premier secrétaire de l’USFP au congrès de décembre, de convaincre l’Istiqlal de se retirer de la coalition dirigée par les islamistes. De son côté, le frénétique patron de l’Istiqlal, Hamid Chabat avait déjà fait part de ses préférences pour Driss Lachgar à la tête du parti de la rose. Il ne verrait donc pas d’un mauvais œil l’intrusion de Driss Lachgar dans le bras de fer qui oppose de plus en plus explicitement Chabat à Benkirane. Un soutien qui serait d’autant plus accueilli par le maire de Fès que les relations entre le PJD et l’Istiqlal, les deux principales composantes de la coalition, ne sont pas au beau fixe. Aussitôt élu, Chabat avait appelé à un remaniement ministériel, voire à une refonte de la Charte réglementant les attributions des uns et des autres au sein de la coalition. Des appels auxquels le chef du Gouvernement avait ostensiblement rétorqué que s’il tenait toujours à la coalition, en revanche, il ne voudrait pour rien au monde d’une majorité bancale. A quoi ses alliés istiqlaliens ont répondu du tac au tac qu’il n’était pas question d’un « super parti » dans la majorité. La position exprimée par l’Istiqlal sur le site électronique de son quotidien Al Alam est, à cet égard, fort éloquente.
Le chef du gouvernement est ainsi accusé de nourrir « une vision partisane étriquée et un discours provocateur, tout en exploitant ses apparitions médiatiques pour faire la promotion de son propre parti ». Un « comportement inacceptable politiquement », s’indigne le journal istiqlalien.