Amputer le budget d’investissement de 15 milliards DH est une mesure d’austérité qui sera lourde de conséquence pour le gouvernement Benkirane. D’ores et déjà, le gel de ce montant considérable n’a fait qu’exacerber les tensions au sein de la majorité.
Si la suppression devrait soulager un tant soit peu les finances publiques, en revanche les secteurs sociaux, les entreprises et l’activité économique en général en souffriront d’autant plus douloureusement. Pour le moment, c’est du côté de sa propre majorité que Benkirane se fait du souci. Et en premier lieu de son allié Hamid Chabat. L’implacable chef de file de l’Istiqlal, le deuxième pilier du gouvernement, est remonté à l’attaque ce week-end contre son associé islamiste. Le maire de Fès a de nouveau accusé les islamistes de faire cavalier seul dans la prise des décisions importantes et la gestion des dossiers qui engagent tout le gouvernement. Chabat a enfoncé le clou en se désolidarisant par anticipation de toute nouvelle augmentation de prix qu’envisagerait l’exécutif semi islamiste. Il a même assuré que si l’Istiqlal se maintenait encore au gouvernement, ce n’est pas par solidarité gouvernementale ou par respect de la charte de la majorité, mais « au nom de l’intérêt national ». Ces propos auraient pu être mis sur le compte de l’ardeur verbale habituelle de Hamid Chabat si M’hand Laenser, le chef du Mouvement Populaire, le troisième parti de la coalition ne s’était pas mis de la partie lui aussi.
Lors d’une réunion avec les cadres de son parti, Laenser a lancé une pique en direction de son allié Benkirane en estimant que les problèmes du pays ne pouvaient pas être résolus avec des décisions populistes. Toutes ces positions renseignent sur le degré d’entente qui règne au sein du gouvernement.