Le gouvernement Benkirane II ressemble de plus en plus à une arlésienne. Et au rythme des spéculations qui font et défont la future majorité, il est à craindre que les gens ne s’en délaissent pour de bon.
Depuis des mois que l’Istiqlal a claqué la porte du gouvernement, son allié d’infortune continue de s’embrouiller dans la recherche d’improbables coalitions. Non seulement les négociations avec Salaheddine Mezouar patinent depuis plusieurs semaines, mais Benkirane et ses amis du PJD commettent l’impair de communiquer comme des bleus. Le chef du gouvernement qui a largement bâti sa réputation politique sur ses capacités oratoires et ses aptitudes de communicateur, communique pourtant très mal sur les négociations en cours avec son futur partenaire. Le fâcheux résultat de cet embrouillamini médiatique, c’est la multiplication des pronostics les plus farfelus sur le futur cabinet. Tous les jours, la plupart des quotidiens sortent chacun avec son propre gouvernement, alors qu’on ne compte plus les dates de l’annonce imminente d’un hypothétique cabinet. Un comportement encouragé largement par le mutisme du chef du gouvernement sur les tractations en cours et qui a fini par polluer le climat politique et médiatique général.
Mais, le déficit communicationnel d’Abdelilah Benkirane et des islamistes du PJD ne s’arrête pas là. La décision d’indexer les prix des produits pétroliers, dont la nécessité budgétaire est consensuellement reconnue, n’a pas été suffisamment expliquée. Les valses-hésitations de certains membres du gouvernement ont même fini par brouiller les pistes. Résultat, une confusion dans l’esprit de l’opinion publique et, au final, un rejet quasi-général d’une indexation pourtant indispensable à la remise à flot de finances publiques exténuées. Les manifestations de protestation de dimanche en sont le produit.
Cette attitude politique finit par grossir la lassitude des gens et les détourne de plus en plus du gouvernement, qu’ils voient comme un facteur de stagnation et non de vitalité. Heureusement que la paralysie des politiques ne déteint pas sur les autres secteurs. L’administration, les entreprises et les affaires continuent de tourner quand même.