L’affaire des « appartements parisiens » a montré que le Chef du gouvernement reste toujours influencé par son passé militant, vindicatif et pressé d’en découdre avec ses adversaires politiques à la première occasion.
Saisissant son passage mensuel devant la Chambre des Représentants, Abdelilah Benkirane s’est lâché contre le parti de l’Istiqlal, son ancien allié qui avait importunément claqué la porte du gouvernement. Dans un moment d’emportement évident, Benkirane a affirmé que des membres d’un parti possédaient en toute illégalité des appartements à Paris. Le chef de l’exécutif a surenchérit que de nombreux autres possédaient également des comptes bancaires à l’étranger. Il n’a pas cité de nom, mais tout le monde l’aura compris, le parti mis en cause est l’Istiqlal. L’ancienne ministre istiqlalienne de la santé Yasmina Baddou ayant été accusée par des médias de posséder deux appartements dans la capitale française. Abdelilah Benkirane a pris le soin de préciser que les membres de son propre parti, le PJD, n’en avaient aucun à l’étranger.
Toutefois, en refusant de livrer des noms, le chef du gouvernement stigmatise l’ensemble des membres d’un parti politique qui ne sont pas forcément propriétaires de biens ni à Paris, ni même au Maroc. Un tel comportement de la part du Chef du gouvernement peut être synonyme de pressions dissuasives qui frôlent le chantage politique. L’Istiqlal d’ailleurs n’a pas tardé à défier Abdelilah Benkirane de produire la liste des personnes en infraction, menaçant de s’adresser à la justice.
D’un point de vue politique et judiciaire, Benkirane s’est ainsi mis dans de beaux draps en gardant le silence sur les détenteurs d’avoir illégaux à l’étranger. En ne faisant rien pour lancer une action en justice contre eux, le chef du gouvernement non seulement donne le mauvais exemple, mais risque d’être accusé de complicité dans des délits d’évasion fiscale.