L’istiqlalienne Yasmina Baddou qui avait ordonné en 2010, alors qu’elle était ministre de la santé, l’importation de deux gros lots de vaccins, jugés trop couteux et inutiles, n’est pas encore sortie de l’auberge.
S’appuyant sur le rapport 2012 de la Cour des comptes relevant des dysfonctionnements dans cette transaction, de nombreux députés notamment ceux du PJD continuent à insister pour que le dossier soit soumis à la justice. Ils n’attendent que l’ouverture de la session parlementaire mi-avril, pour rouvrir le débat sur ce dossier. Ils comptent interpeler à ce sujet, les ministres concernés et notamment celui de la santé, pour connaitre les suites que l’exécutif compte donner à cette affaire.
Si l’actuel ministre de la santé, El Husseine El Ouardi est allé contre vents et marées en voulant blanchir son prédécesseur, Yasmina Baddou. Il a récemment affirmé devant la commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants, que l’ancienne ministre de la santé a « fourni de grands services et géré un secteur qui revêt une extrême sensibilité ».
Mais, le chef du groupe parlementaire du Part Justice et Développement, Abdellah Bouanou ne l’entend pas de cette oreille. Sur un ton agressif, il a tenu à rappeler qu’en 2010, le Maroc n’avait pas besoin de débloquer une importante somme pour l’achat des deux lots de vaccins anti-pneumococciques et anti-rotavirus. D’autres secteurs de la santé publique, explique-t-il, en avaient pâti.
Dans son rapport, la Cour des comptes reproche au département de Yasmina Baddou d’avoir importé ces vaccins alors que les données épidémiologiques ne le justifiaient pas. En 2010, ajoute le rapport, il n’y avait pas de crédits prévus pour l’achat de tels vaccins. L’argent a été donc puisé sur une enveloppe extra budgétaire de 640 millions de dirhams destinée au soutien du RAMED (Régime d’assistance médicale). Le montant annuel des deux marchés représente près de 86% du budget de l’ensemble des programmes de santé publique.
Interpellé à ce sujet, le ministre de la justice, Mustapha Ramid a expliqué qu’il ne peut y avoir d’actions judiciaires tant que le rapport de la Cour des Comptes n’aura pas été transmis officiellement aux départements concernés pour y apporter leurs éléments de réponse avant d’être transféré au département de la justice. Affaire à suivre.