Le roi Mohammed VI se rendra vendredi en Tunisie pour une visite officielle de trois jours qui est placée sous le signe de la redynamisation de relations entre deux pays traditionnellement très proches.
La visite royale intervient à l’invitation du Président Moncef Marzouki, avec lequel le souverain aura des entretiens officiels. Début 2012, le chef d’Etat tunisien s’était rendu au Maroc peu après son élection. Signe de la solennité de la visite royale, le souverain prononcera également un discours devant l’Assemblée Nationale constituante tunisienne. Cette visite sera également marquée par la signature d’accords bilatéraux en vue d’impulser les relations économiques et commerciales traditionnelles entre les deux pays. Car les échanges économiques et commerciaux n’ont jamais été interrompus en dépit du blocage du projet maghrébin. Le conflit entre le Maroc et l’Algérie sur le dossier du Sahara et la fermeture des frontières algéro-marocaines depuis 1994, ralentissent certes le rapprochement entre les cinq pays de l’ensemble maghrébin, mais ne le neutralisent pas.
C’est le cas des relations entre le Maroc et la Tunisie, qui ont été renforcés par divers instruments de coopération, dont l’accord de libre échange d’Agadir, entré en vigueur en 2007. Mais le volume des échanges bilatéraux demeure faible, à peine 200 millions d’euros, alors que son potentiel de croissance est important. Le forum économique qui sera organisé par les organisations patronales des deux pays le 29 mai, à l’occasion du déplacement royal, s’inscrit dans cet objectif. La Confédération générale des Entreprises du Maroc (CGEM) et son alter ego tunisienne l’UTICA (l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat) se proposent ainsi de « bâtir des synergies au service de la croissance et de l’emploi » entre le deux pays.
Le domaine religieux est un autre aspect de la coopération maroco-tunisienne. Dans le contexte des révoltes de ce qui a été prématurément qualifié de Printemps arabe et des surenchères religieuses qui le jalonnent encore, le Maroc s’est illustré par sa judicieuse gouvernance religieuse. Un discernement qui doit beaucoup à la personne du roi en sa qualité de Commandeur des croyants, mais aussi à la gestion clairvoyante des divers aspects du champ religieux dans le pays. C’est ce qui a valu au Maroc d’être sollicité en la matière par plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, mais aussi du Maghreb. En février dernier, le roi Mohammed VI avait répondu favorablement à la demande du gouvernement tunisien pour la formation d’imams et de prédicateurs tunisiens au Maroc.