Dans une allocution prononcée par vidéo devant l’Assemblée générale des Nations Unies jeudi, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a présenté une argumentation structurée visant à distinguer la cause palestinienne des actions du Hamas. Son intervention, marquée par une condamnation sans équivoque du mouvement islamiste, visait clairement à rassurer la communauté internationale sur les intentions de sa direction.
Contrant directement l’argumentaire israélo-américain selon lequel la reconnaissance d’un État palestinien récompenserait le Hamas, M. Abbas a fermement déclaré que le groupe à l’origine des attaques du 7 octobre « n’aura pas de rôle à jouer dans la gouvernance » d’un futur État. « Le Hamas et les autres factions rendront leurs armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il martelé, précisant que les actions du 7 octobre « ne représentent pas le peuple palestinien, ni sa juste lutte pour la liberté et l’indépendance ».
Cette prise de position s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large. Le dirigeant palestinien a profité de cette tribune pour lancer un appel pressant à « tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître l’État palestinien ». Cet appel intervient dans un contexte de momentum diplomatique, suite aux récentes reconnaissances formelles par une dizaine de pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, lors d’un sommet organisé lundi par la France et l’Arabie saoudite. La grande majorité des 193 États membres de l’ONU reconnaissent déjà la Palestine.
Parallèlement à ces gages de modération politique, Mahmoud Abbas a livré une condamnation virulente des actions israéliennes à Gaza, les qualifiant de « crime de guerre et crime contre l’humanité ». Il a enjoint à la communauté internationale de « soutenir nos efforts pour stopper le génocide et l’occupation ». Le président, qui a été contraint de s’exprimer à distance en raison du refus de visa des États-Unis, a également rejeté « la confusion entre la solidarité envers la cause palestinienne et la question de l’antisémitisme », opposant celle-ci aux « valeurs et principes » palestiniens.