Ban Ki-Moon a ouvert la boîte de Pandore et ne sait plus comment la refermer, avec la réaction énergique du Maroc au parti pris du secrétaire général de l’ONU dans l’affaire du Sahara, en décidant la « réduction significative » de sa participation à la composante civile de la MINURSO, et en envisageant le retrait des contingents marocains engagés dans les opérations de maintien de la paix.
Ce sont les déclarations et gestes clairement alignés sur le front Polisario, soutenu par l’Algérie qui ont déclenché la colère des marocains, dont plus de trois millions ont protesté dimanche dernier à Rabat contre les dérapages de Ban Ki-Moon. Deux jours plus tard, plus de 180.000 autres ont défilé mardi à Laayoune devant le siège de la Minurso. Une colère d’autant plus justifiée qu’aucun secrétaire général de l’ONU avant Ban Ki-Moon n’a utilisé le terme « occupation » dans le dossier du Sahara, alors que l’ONU et le Conseil de sécurité observent la neutralité dans ce dossier sensible qui empoisonne les relations entre le Maroc et l’Algérie depuis 40 ans.
L’attitude de Ban Ki-Moon apparaît ainsi incompatible avec les devoirs d’impartialité et de respect du référentiel établi par les organes de l’ONU que doit respecter le Secrétaire général.
Le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar a, d’ailleurs, remis mardi à New York une lettre au Secrétaire Général faisant part de « la dénonciation ferme et du rejet total par le Royaume du Maroc, son peuple et l’ensemble de ses forces vives, de ses propos inadmissibles et de ses actions condamnables au sujet de la question du Sahara marocain, lors de sa récente visite en Algérie », selon un communiqué du MAE.
La position ferme du Maroc à l’égard de Ban Ki-Moon trouve un écho auprès des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment la France et la Russie. Mardi à Moscou, à l’occasion de l’entretien entre le roi Mohammed VI et le président Vladimir Poutine, les deux pays se sont dits opposés à toute « sortie des paramètres déjà définis dans les résolutions actuelles du Conseil de sécurité » pour la recherche d’une solution politique à la question du Sahara.
De son côté, la France a réitéré, la semaine dernière, son soutien au plan d’autonomie présenté par le Maroc pour le règlement de la question du Sahara. « Pour la France, le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007, constitue une base sérieuse et crédible pour une solution négociée » de la question du Sahara, a indiqué le porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal lors d’un point de presse.
La question du Sahara « fait l’objet d’une médiation des Nations unies, que la France soutient dans le cadre des paramètres fixés par le conseil de sécurité », a précisé le porte-parole.
Pour leur part, les pays membres du CCG et la Jordanie, avaient réaffirmé le 9 mars à Ryad, leur soutien au plan d’autonomie présenté par le Maroc. Dans un communiqué, ils ont qualifié la proposition marocaine de « sérieuse et crédible comme base pour une solution négociée pour mettre fin au conflit régional sur le Sahara marocain ».
Voir la vidéo : Manifestation à Laayoune contre les propos de Ban Ki-Moon