Comme pronostiqué par les observateurs, la tâche du chef du gouvernement désigné pour former une majorité est loin d’être une partie de plaisir, Abdelilah Benkirane devant faire avec les surenchères, voire le chantage de ses futurs alliés.
Recevant successivement au cours des derniers jours, les chefs des partis politiques susceptibles de rejoindre sa future majorité, à l’exception notable du PAM, son rival invétéré, le chef de gouvernement commence à soupeser les exigences des uns et des autres. Benkirane doit user de toute son habileté pour satisfaire les appétences de l’Istiqlal et de l’USFP, qui exigent une douzaine de portefeuilles ministériels.
Et en dépit des assurances de Driss Lachgar promettant de « faciliter » la mission du chef du gouvernement, il n’est un secret pour personne que le député USFP de Khouribga Habib El Malki lorgne aussi la présidence de la Chambre des représentants.
Une combinaison comprenant le PJD et les partis de la Koutla donnerait au chef du gouvernement une petite majorité de 203 sièges au Parlement. Mais s’il veut chercher plus de confort en y adjoignant le Mouvement Populaire (MP), il risque de retomber dans les travers d’un exécutif pléthorique de 40 postes ministériels.
Dans le cas où le chef du gouvernement islamiste tentait de faire rebelote avec la combinaison PJD-RNI-MP-PPS de la majorité sortante, là encore le RNI n’est pas certain. D’autant plus que le Rassemblement des Indépendants vient de lier son sort à celui de l’UC de Mohamed Sajid, désormais alliés dans une coalition partisane.
Au milieu de ce beau cafouillage politique est intervenu l’appel surprenant d’Ilyas El Omari, le secrétaire général du PAM, pour une « réconciliation historique et courageuse » afin de dépasser les clivages. Il faudrait peut être attendre la réunion extraordinaire du Conseil national du PJD, le 22 octobre, pour y voir plus clair.