Contestations : l’essoufflement de la fin ?

Le Mouvement du 20 février victime de sa détermination ou de son entêtement ?  L’espoir de faire descendre des milliers, voir des centaines de milliers de personnes dans la rue, s’estompe au fil des manifestations dominicales. A tel point que la certitude des débuts n’est plus qu’un lointain souvenir.
Après plus de sept mois de descentes plus ou moins régulières et pacifiques dans la rue, le mouvement des jeunes donne les signes d’un essoufflement qui risque d’être durable, voire fatal. La désillusion gagne les partis de la gauche radicale et les islamistes d’Al Adl Wal Ihassane, qui sont montés dans le train en marche du Mouvement après sa naissance le 20 février. Ils regardent à présent avec beaucoup de nostalgie les premières sorties fougueuses du Mouvement éponyme. Au début, les descentes dominicales réussissaient à attirer quelques milliers de manifestants. Une image qui contraste radicalement avec les manifestations éparses qui dévalent désormais sans conviction dans quelques rares villes. Une atonie dont les avis divergent sur le diagnostic dans un contexte de bouillonnement arabe.

Les observateurs s’accordent toutefois sur une explication : le Mouvement est victime de son isolement et de l’absence d’un prolongement populaire qui s’est manifesté dès le départ. L’effet des revendications initiales de réformes politiques, de lutte contre la corruption et de justice sociale, a été promptement endigué par l’introduction de réformes par le pouvoir. En tête de ces réformes, l’adoption de la nouvelle Constitution, qui a coupé l’herbe sous le pied des plus radicaux. Incapables de défendre des arguments convaincants, la gauche radicale et les islamistes d’Al Adl Wal Ihassane ont vu leur isolement s’aggraver. Au final, les appels à manifester n’attirent plus grand monde. Les gens suivent de loin, voire avec indifférence, ces rangs clairsemés qui déboulent encore les dimanches sous le regard impassible des policiers et des forces de sécurité.

Pour autant, le Mouvement ne s’avoue pas vaincu. Ses membres savent que le Mouvement peut encore agir, mais autrement. Ils savent que le Mouvement a impulsé une vague de réformes que les partis politiques ont été incapables de faire pendant des années. Même divisés sur la démarche à poursuivre, les jeunes du Mouvement essaient de tirer les leçons de la défaite. Aussi, certains prévoient-ils de se recycler dans la politique en participant aux élections législatives du 25 novembre. D’autres envisagent de continuer la lutte par le débat et les actions de sensibilisation…

Comments are closed.