Maroc: débat politique et dérive médiatique

La fitna est sans doute le mot le plus fréquent pour parler de troubles politiques, voire moraux. C’est un désordre, une confusion ou une commotion sociale qui enflamme les passions et le fanatisme. Chaque peuple en fonction de son histoire, son expérience, son génie culturel et ses épreuves, édifie ses choix démocratiques.

Si la démocratie a pu être fragilisée, menacée, dans les  vielles démocraties, comment comprendre qu’elle ne puisse être tenue en suspicion, par un peuple qui en fait l’apprentissage? Quand certains médias véhiculent des fausses informations, et même parfois leur prétendu savoir au service des causes nihilistes – un divertissement pernicieux et lucratif – pour faire passer des mensonges pour des vérités. Les médias se sont d’abord fixés comme objectif d’informer et éclairer.

En quelques années, avec les blogs et les media sociaux, un nouvel «écosystème médiatique» totalement nouveau a vu le jour, destiné à relier les peuples au sein d’un large bassin culturel et linguistique.Aujourd’hui au Maroc, le réel n’est pas ce qui se voit. L’évidence naïve, directement perçue et transmise, ne représente que la surface des choses. Le pays souffre certes de maux profonds sur lesquels il est urgent que se penchent d’intègres médecins. Mais pour les dévoiler, il existe un large espace de liberté que chacun peut à loisir choisir et assumer sans tomber dans les excès d’une liberté qui tourne parfois à la dérive.Certains médias, contribuent à inciter des jeunes à manifester parce que pour eux la situation est inacceptable telle quelle et qu’il faut la changer. Quel crédit leur accorder pour trouver des solutions à ces maux? Alors que les arguments ne manquent pas pour mettre en doute leur capacité à changer par magie l’ordre établi.

Ce qui menace la démocratisation marocaine c’est la crainte d’un clivage ou de l’affrontement politique d’ampleur. Tous les acteurs politiques partagent cette même appréhension qui les a conduit à renoncer à la stratégie du militantisme excessive ou à la rue. Le paysage médiatique a donc le devoir de s’impliquer dans cette voie.