Le débat programmé ce mercredi, à deux jours des législatives du 25 novembre, entre les trois principaux blocs politiques est important à plus d’un titre. Il permettra de connaître les programmes, ou du moins la vision de ces partis concernant les questions fondamentales qui se posent au pays, d’une part. Et, d’autre part, ce débat montre la nécessité de confronter les vues en prévision d’un indispensable rapprochement entre les uns et les autres, face à un champ politique éclaté qui exclut tout monopole du pouvoir par un seul parti.Le débat est organisé par l’Alliance des indépendants (ADI), un organisme de réflexion proche du RNI. Il rassemblera à Casablanca des représentants du RNI en tant que membre du G8, la coalition de huit partis qui regroupe également le PAM, le MP et cinq autres petits partis. En face, la Koutla rassemblant les trois partis de la majorité sortante : l’USFP, l’Istiqlal et le PPS, sera représentée par cette dernière formation.
Enfin, le troisième bloc est représenté par le PJD qui a préféré renvoyer ses éventuelles alliances à la période post-électorale. L’objectif de ce « face à face » est de permettre aux partis présents de défendre leur positions sur quatre dossiers qui tiennent particulièrement à cœur aux électeurs : l’économie, l’éducation, la justice et la santé. L’ennui pour ce débat, c’est qu’il mettra en face, de part et d’autre de la table, des alliés d’aujourd’hui qui risquent de devenir des adversaires demain. Le RNI, l’un des ténors de l’actuelle majorité gouvernementale qui a choisi de rejoindre l’alliance du G8, est confronté à ses compagnons du gouvernement sortant : l’Istiqlal, l’USFP et le PPS. Pourrait-il alors se dérober à sa part de responsabilité dans un bilan gouvernemental plus que mitigé ? Quoi qu’il en soit, le débat ne manquera certainement pas de piquant, chaque parti devant chercher à tirer la couverture de son côté. Car, les dispositions de la nouvelle Constitution sont claires.
C’est dans le parti arrivé en tête des élections que le roi désignera le futur chef du gouvernement, les alliances suivront. Et, dans la configuration actuelle marquée par l’énorme fragmentation de l’électorat, quatre formations politiques partiraient favorites pour ce scrutin décisif. RNI, PJD ou Istiqlal peuvent, chacun de son côté, glaner le plus grand nombre de sièges au futur Parlement. Si c’est le cas du RNI, son leader Salaheddine Mezouar est déjà assuré de l’appui du PAM, du MP et de cinq autres partis regroupés dans l’alliance du G8. Mais en cas de victoire du PJD ou, ce qui est plus improbable, de l’Istiqlal, une alliance entre les deux, même si elle n’est pas exclue, serait beaucoup plus difficile à négocier.