Après avoir enregistré le ralliement -peu surprenant- du Mouvement Populaire à sa future majorité gouvernementale, il ne manque plus à Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, que la réponse du Parti du Progrès et du Socialisme (PSS) pour « boucler » son tour de table afin de pouvoir disposer d’une majorité « confortable ». Le PPS devrait donner sa réponse quant à sa participation éventuelle au gouvernement ce samedi après avoir réuni ses instances. Néanmoins, d’ores et déjà, des bruits émanant du parti de Ali Yata indiquent que son secrétaire général, Nabil Benabdallah, n’accepterait rien de moins que le ministère des affaires étrangères, qu’il souhaiterait diriger « personnellement ». Pour l’ancien ministre de la communication, le bâtiment de verre qui surplombe le Chellah constituerait un double symbole. En premier lieu, prendre la tête de la vénérable maison des affaires étrangères au nom du PPS constituerait une victoire politique puisque le MAEC est considéré comme un ministère « de souveraineté », au nom de la règle –non écrite- édictée par feu Hassan II au début des années 90, et qui instaure l’intérieur, la justice, les Habous et les affaires étrangères comme pré-carré royal. En succédant à Taïeb El Fassi Fihri, Benabdallah pourrait ainsi se prévaloir d’une double confirmation, celle du Roi Mohammed VI et de Benkirane. En second lieu, pour Benabdallah, être nommé ministre des affaires étrangères signifierait également prendre sa revanche sur l’ « épisode italien », qui lui avait valu de quitter son poste d’ambassadeur à Rome précipitamment il y a deux ans, suite à un crêpage de chignon mémorable entre son épouse et celle de Taïeb El Fassi Fihri lors de la biennale de Venise. Bien que les deux hommes aient conservé des relations cordiales suite à cet incident, il n’en reste pas moins que Benabdallah a conservé une rancune tenace, s’estimant injustement traité suite à l’incident de Venise. Reste que Benabdallah a un adversaire de poids pour le poste de ministre des affaires étrangères, qui n’est autre que son successeur à Rome, Hassan Abouyoub, affilié au Mouvement Populaire, et très apprécié à la fois par le Palais et par les instances dirigeantes du PJD, qui voient en lui un homme de consensus ainsi qu’un technicien hors pair.
Il restera donc à Abdelilah Benkirane à gérer ces batailles d’ego entre les partis politiques de sa majorité et les ambitions ministérielles de leurs ténors. Tout le monde ne pourra pas être servir, il faudra donc qu le futur chef de gouvernement puisse « puiser » dans la réserve de nominations que lui confère la nouvelle constitution, notamment en ce qui concerne les responsables des entreprises publiques, ainsi que les secrétaires généraux.
Il reste également au nouveau leader de l’exécutif à demander au roi Mohammed VI de bien vouloir l’aider à « caser » quelques dignitaires de sa majorité dans des ambassades étrangères lors de la future vague de nominations qui devrait intervenir dans les six mois à venir.
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