Classe politique et médias sont tenus en haleine avant l’annonce de la liste des membres du gouvernement. Chose qui ne devrait plus tarder, puisque le nouveau chef du gouvernement attend d’être bientôt reçu par le roi.
L’organigramme du gouvernement a été défini. La répartition du nombre de portefeuilles entre les quatre formations de la coalition est aussi presque achevée. Il ne reste plus qu’à dévoiler les noms des ministres. D’ores et déjà, des « fuites » attribuent 12 postes au PJD, 6 à l’Istiqlal et 8 autres à partager entre le Mouvement Populaire et le PPS, en plus de ministères dits de « souveraineté ». Une distribution qui en dit long sur la difficulté des tractations entre le PJD et ses trois alliés. Conséquence, l’indéfendable seuil de 15 postes fièrement proclamé au départ par Abdelilah Benkirane, a dû être revu à la hausse, passant à 28 puis à 30 ministères. Cela dit, la formation du gouvernement ne sera que le début d’un long chemin pour Benkirane et ses amis du parti islamiste. Le nouveau chef du gouvernement sait qu’il est attendu sur plusieurs fronts. Il ne doit pas décevoir les électeurs qui l’ont porté au pouvoir et, en même temps, faire bonne figure devant ceux qui le critiquent. En quelque sorte, agir d’un côté et rassurer de l’autre. Question action, Benkirane sait pertinemment que sa marge de manœuvre dans les dossiers économiques est assez limitée, compte tenu du contexte de crise internationale. D’ailleurs, ses lieutenants au PJD ont vite fait, au lendemain de la victoire du 25 novembre, de dissiper quelques illusions qu’ils ont eux-mêmes entretenues. Le taux de 7% de croissance promis en cours de campagne électorale, a été aussitôt temporisé, arguant qu’il s’agissait d’un chiffre à considérer sur le long terme. La promesse d’un quasi doublement du salaire minimum, elle aussi, n’a pas fait long feu.
Dans les deux cas, les propres économistes du parti islamiste ont reconnu que de telles décisions étaient irréalistes et risquaient de porter un rude coup à la compétitivité des entreprises marocaines. Bref, les proclamations tonitruantes des road shows électoraux font petit à petit place à la Realpolitik, et l’objectif d’efficacité et de résultats supplantera inévitablement les déclarations d’intention.