Abdelilah Benkirane a-t-il péché par excès d’optimisme ? Le report du conseil de gouvernement, qui devait initialement trancher sur la déclaration gouvernementale ce jeudi, a pour le moins refroidi les ardeurs.
Définir les priorités, répondre aux attentes des citoyens et honorer les promesses électorales sont visiblement des choses plus faciles à dire qu’à faire. Et le nouveau chef du gouvernement est en train d’en faire l’expérience à ses dépens. Bien sûr, Mustapha El Khalfi, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a justifié le report du conseil de gouvernement par le retard pris dans la finalisation du projet de déclaration gouvernementale. Mais il n’a précisé ni les causes de ce retard, ni la nouvelle date pour la réunion du cabinet Benkirane. Certaines sources parlent d’un vent de fronde chez les députés de l’Istiqlal, membre de la coalition gouvernementale. Ulcérés par la méthode Abbas El Fassi dans le choix des ministrables du parti, ils auraient menacé de voter contre la déclaration gouvernementale. Ils seraient une vingtaine de députés en tout, menés par le tonitruant maire de Fès Hamid Chabat. Si une défection dans les rangs de la majorité n’est pas à l’ordre du jour, cet épisode dévoile les difficultés de départ. Et, surtout, ce report cache mal les contrariétés apparues en cours de route pour harmoniser les programmes des quatre partenaires de la coalition. Le délai supplémentaire exigé par certains ministres pour examiner plus en détail la déclaration préparée par un comité de travail, en est une parfaite illustration.
Déjà que le cabinet Benkirane a fait un départ catastrophique sous les feux des critiques contre la sous représentation féminine ou les concessions qui ont accompagné la formation de l’équipe ministérielle. Le chef du gouvernement doit plus que jamais prier pour que le reste du parcours soit plus clément. Car les attentes des citoyens sont énormes sur des questions aussi vitales que le chômage, la cherté de la vie, la santé, la justice, l’éducation…